Monopoly📣, siffler n’est pas jouer

Monopoly📣, un jeu de société non ludique, pour l’intérêt général.
Le but du jeu consiste à vous ruiner par le temps et à trouver des solutions qui s’avéreront ne pas en être.
Monopoly📣 symbolise les aspects apparents et spectaculaires de la condition du lanceur d’alerte, ses chances de réussite se faisant et se défaisant au fil des coups de dés. Le hasard, les lois et le temps jouent une part importante.
✅ L’objectif est de tenir, tester la résistance, trouver des solutions.
Les parties s’avèrent longues, stressantes, et se jouent souvent seul, dans le dénuement le plus complet.

⚠️ Les pions, à l’origine sont de simples employés. Au cours de la partie, ils peuvent se retrouver licenciés, en justice voire même en prison. Le joueur peut difficilement sortir de la partie engagée. Le vainqueur sera celui qui aura tenu dix années avec peut être à la clé une décision de justice mais qui possède de ce fait, le monopole des emmerdes.


A présent, vous aussi, lancez l’alerte !

Monopoly📣, siffler n'est pas jouer
Monopoly📣, siffler n’est pas jouer
Monopoly📣, siffler n’est pas jouer
Monopoly📣, siffler n’est pas jouer

Bonne chance et bon courage !

MM.

Macron – L’éthique de réciprocité.

L’éthique de réciprocité est une règle morale dont le principe fondamental est énoncé dans presque toutes les grandes religions et cultures. Elle est présente dans les trois religions du Livre mais également dans toutes les pensées d’Asie et constitue l’un des fondements de la philosophie grecque. On la connaît en occident sous les aphorismes «traite les autres comme tu voudrais être traité» ou «ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse».
Cette préoccupation est intimement liée au développement de l’humanité depuis ses origines et constitue, ce que l’on oublie souvent, une source d’inspiration essentielle du concept moderne des droits de l’Homme.

Si l’on ne doit pas faire aux autres ce que l’on ne voudrait pas que l’on nous fasse, il faut aussi entendre de cette éthique de réciprocité que celui qui a quelques responsabilités dans la cité ne peut exiger des autres ce qu’il ne serait en mesure de faire lui-même.

À l’occasion de l’un des spectacles one-man show, Macron nous a une nouvelle fois servi gracieusement la soupe.

Comme le faisait justement remarquer Desproges, on peut très bien vivre sans aucune espèce de culture. On ne sait jamais trop où est la limite chez Macron entre inculture, provocation, et mauvaise foi. Ce qui apparaît clair c’est que ce concept de réciprocité ne fait pas partie de son logiciel, quant à l’éthique pas vraiment plus. D’un autre côté, comme toujours avec Macron, il y a dans chacun de ses commentaires de bistrot du commerce, une vérité qui le dépasse.

Résumons : une injonction, un lapsus involontaire et un déni de réalité.

Le Président enjoint les français à être des acteurs de la lutte contre la corruption. Comme si beaucoup d’entre eux l’avaient attendu. Il est vrai, on suppose, que ce n’est pas la même chose d’en être victime que bénéficiaire ou complice.
Celui qui parle est-il un exemple en la matière ? On ne va pas s’aventurer dans un catalogue à la Prévert, mais prenons un exemple, au hasard : Benalla, eh oui, encore lui. Soyons des citoyens exemplaires et dénonçons la corruption, les possibles délits, les manquements aux obligations légales et professionnelles… nous intime Macron. Chiche ! Quand il aura commencé à montrer l’exemple, quand il commencera à dénoncer les faits délictueux dont il a connaissance et ne cherchera plus à protéger un ami (peut-être trop proche!) pendant de longs mois.
La crédibilité d’une parole ne vaut que pour autant que l’on soit soi-même irréprochable sur l’injonction que l’on formule, que pour autant que l’on fasse sienne l’éthique de réciprocité.

Avec le temps, nous avons compris qu’il fallait prendre en fait Macron au mot. Que ce qui pourrait paraître comme une contradiction n’en est pas une.
On retrouve ici toute sa conception du « nouveau monde », divisé en deux catégories : ceux qui ont des droits et des obligations et ceux qui n’ont que des droits et tous les avantages. C’est dire dans son esprit qu’il y a corruption et corruption, l’une qui est un agissement délictueux, l’autre le prolongement naturel des affaires.
Si l’éthique a disparu depuis longtemps, même la réciprocité est à géométrie variable.

Enfin le constat, et l’on balance une fois de plus entre méconnaissance des faits, déni de réalités ou mauvaise foi. La France serait une grande démocratie. Tout est question de comparaison et de raison. Par rapport à des nations que Macron affectionne tant, comme l’Arabie Saoudite ou l’Égypte, il est sûr qu’il serait malvenu de nous plaindre. En référence à l’idéal que l’on peut se faire de la démocratie et l’exigence d’idéal est une vertu, il y aurait beaucoup à dire.

En quoi, dans leur exercice, les trois pouvoirs reflètent l’exercice d’une démocratie juste et équilibrée : un pouvoir exécutif de plus en plus monarchique, un pouvoir législatif réduit à une chambre d’enregistrement des volontés du premier, et un pouvoir judiciaire sous considéré et sous-doté, ne sont pas les apparats d’une grande démocratie, et par certains aspects d’une simple démocratie.
N’oublions pas le quatrième pouvoir dont Macron nous dit qu’il est libre. Libre de se taire, sûrement. Une liberté, celle d’informer dans le cas présent, ne vaut que pour autant que l’on s’en serve, ce que la très grande majorité de la profession journalistique semble avoir oublié. Les lanceurs d’alerte en sont sans doute les meilleurs témoins car ils viennent auprès des journalistes par des chemins de traverse. Et le constat est accablant. L’auto-censure et les intérêts commerciaux et publicitaires sont les nouveaux principes d’exercice de ce « nouveau monde » de la presse. Alors, certes, ils restent comme partout quelques îlots de résistance, mais ne nous satisfaisons pas en croyant que quelques lueurs au loin, nous assurent d’un chemin sans risques.
Accepterions-nous dans d’autres professions que 80 à 90% de ses acteurs aient démissionné de leurs obligations et renié leur éthique ?

Finissons sur la justice puisque Macron nous en donne l’occasion. L’injonction est tombée, la justice en France est indépendante. C’est factuellement faux, et ce n’est pas nous qui le disons mais la CEDH qui a rappelé à plusieurs reprises à la France que la non indépendance institutionnelle et de faits du Parquet n’étaient pas compatibles avec l’exercice d’une justice indépendante. On pourrait avoir les juges du siège les plus indépendants au monde, les plus compétents, les mieux lotis en moyens, cela ne changerait rien à l’affaire. Seul le parquet, dépendant hiérarchiquement du politique est en mesure d’ouvrir ou non des instructions. Combien de dénonciations réalisées par des lanceurs d’alerte ne dépassent pas l’horizon de la poubelle des services des procureurs ? La très grande majorité. Donc de quelle indépendance nous parle Macron ? Elle ne l’est pas constitutionnellement, le serait-elle dans les faits ? Pour le dire encore faudrait-il répondre à deux questions. Celle des moyens alloués pour lui permette de réaliser ses missions, hors de ce point de vue, toutes les statistiques comparatives européennes le démontrent, la justice française est très largement sous dotée. Et, a-t-on fait une sociologie de cette corporation ? Qui sont les juges ? Comment se réalise leur avancement de carrière ? Peuvent-ils et comment pourraient-ils être sanctionnés? Dans quel environnement sociologique vivent-ils ? Sont-ils surreprésentés dans des clubs privés, les loges maçons ? Comment peut-on penser que l’indépendance de toute une profession puisse être proclamée ainsi, alors qu’elle ne l’est pas dans les textes, et que l’on en a qu’une très approximative vision dans les faits ?

Enfant gâté, n’ayant jamais rien fait de lui-même, Macron ne connaît rien aux réalités du monde. C’est sans doute pour cela qu’il tient absolument à nous vendre son « nouveau monde ». Il est une nouvelle fois dans l’invective, la surenchère et la désinformation. Ne lui jetons pas la pierre, la plupart de ses comparses, -dont peu importe en définitive la couleur, d’un extrême à l’autre la même défense d’intérêts partisans est à l’œuvre,- sont animés par une matrice identique.
La phrase reprise de Macron n’était pas bien longue. Et pourtant, tant de choses.

Les lanceurs d’alerte ont au final deux choses à lui dire. Ils n’ont pas attendu qu’on leur dise qu’il pouvaient respecter leurs obligations professionnelles et légales. Pour eux c’est un devoir. Et quand ils ont eu à le faire, malgré la destruction de leurs situations professionnelle et personnelle qui s’ensuivit, ils ont pleinement assumé leurs responsabilités, avec leur article 40 ils ne se sont pas essuyés les pieds dessus.
Par ailleurs, il ne suffit pas de mettre de jolis adjectifs sur une profession « libre » ou un corps institué « indépendant » pour faire sens. Une telle vision simpliste des choses est confondante de médiocrité et de bêtise. La presse et la justice sont des corps vivants et agissants qui ne se résument pas à un mot mais à un exercice quotidien, animé de difficultés et parfois de contradictions. Et là encore, les lanceurs d’alerte ont une expérience cruelle bien éloignée, mais nécessairement plus vivante, du monde merveilleux du petit Président.

MM.

Alstom: un (autre) cas d’école.

Le Parquet de Paris vient d’être saisi -sur les conditions de la vente du Groupe français Alstom à l’américain Général Electric- par le député LR Olivier Marleix, ancien président de la commission d’enquête parlementaire ayant travaillé sur ce sujet. Il intervient, ce n’est pas inutile de le souligner, au titre de l’article 40 du Code de Procédure Pénale, si souvent évoqué ces derniers temps, si peu utilisé par ceux qui en ont l’obligation.
Cette plainte vise directement, sans le nommer, Emmanuel Macron pour le rôle qu’il a joué dans cette transaction en sa qualité de Secrétaire Général Adjoint de l’Élysée puis de Ministre de l’économie.
Le parquet de Paris est saisi de l’affaire Alstom

Rappelons que ce n’est pas la première fois que l’on parle de cette affaire, aussi bien au travers d’articles d’investigation que d’une Commission Parlementaire qui avait auditionné nombre des acteurs de l’époque dont Emmanuel Macron. Les suites n’aboutirent à aucune décision concrète… Sans doute est-ce le fonctionnement normal de ce type de Commission ?

Outre cette saisie du Parquet ce jour, l’affaire Alstom revient sur le devant de la scène suite à la parution du livre « Le piège américain » co-écrit par le journaliste Matthieu Aron et Frédéric Pierucci, ancien dirigeant du Groupe Alstom.

Rappelons que Frédéric Pierucci aura passé plus de deux années en prison aux États-Unis, les autorités américaines l’ayant de toute évidence utilisé comme moyen de pression dans leur attaque contre le groupe français et plus spécifiquement contre son PDG de l’époque Patrick Kron.

Souhaitons que le Parquet, à la différence de la Commission d’enquête parlementaire, aille plus au fond dans son enquête et mette enfin à jour le rôle de chacun des protagonistes qui semblent avoir concouru les uns les autres au bradage de cet ex fleuron industriel français. De l’aveu de tous ceux ayant enquêté sur les conditions de la vente, seul l’ex ministre Arnaud Montebourg semble avoir cherché à défendre l’intérêt général, ce qui l’a conduit à être mis hors course par la haute administration de Bercy soutenue par Emmanuel Macron. Souhaitons aussi que par son instruction, le Parquet mette à jour si elles existent, d’éventuelles collusions entre certains des acteurs de ce dossier ce qui pourrait aussi expliquer la façon dont le gouvernement français a abandonné le contrôle aux Américains, d’un groupe rappelons le, dont certaines de ses activités (turbines destinées aux centrales nucléaires) assuraient l’indépendance du pays vis à vis de puissances étrangères.

Ceci étant dit, nous souhaiterions en tant que lanceurs d’alerte, réagir à l’interview dont il est fait référence ci-avant.

➡️ Alors que la corruption d’agents étrangers est formellement interdite par la loi, tout le monde semblerait l’avoir intégrée comme « normale » tant sa pratique est usuelle.
➡️ Plus étrange et ceci étant dit, ces mêmes interlocuteurs semblent s’étonner de devoir être poursuivis pour avoir sciemment contrevenu à leurs obligations. Nous sommes dans un schéma que connaissent bien les lanceurs d’alerte qui, eux, par obligation mais aussi par peur, préfèrent dénoncer que de penser comme beaucoup par facilité ou lâcheté, que les lois et les règlementations sont indispensables lorsqu’elles ne s’appliquent qu’aux autres.
➡️ Monsieur Pierucci qui, et nous le comprenons, n’a pas nécessairement vécu une partie de plaisir lors de son incarcération aux États-Unis, semble reporter essentiellement ce qu’il a enduré sur le dos de la justice américaine. S’il n’y a pas de doute que les autorités américaines utilisent l’extra territorialité de la justice pour faits de corruption afin de mener également une guerre commerciale contre les grands groupes européens, force est de constater d’une part que ces derniers connaissent la règle du jeu , qu’ils pourraient d’autre part se tourner contre l’Union Européenne qui ne s’est pas donné les moyens, elle, de pouvoir agir de la même façon, et qu’au final, agissements douteux ou non des autorités américaines, il n’en demeure pas moins que les faits eux-mêmes de corruption semblent avérés et même reconnus dans certains cas.
Les lanceurs connaissent bien ce type d’attitude, qui consiste pour l’entreprise et ses dirigeants fautifs, à essayer de maquiller les faits dénoncés derrière de pseudos dysfonctionnements ou volonté hypothétique de nuire.
➡️ Enfin nous marquerons notre étonnement sur le peu d’enclin de monsieur Pierucci à accuser directement son ancien employeur dans les malheurs qui ont été les siens.

Rappelons tout d’abord deux éléments pour poser le décor :

Ayant refusé dès le début de sa garde à vue de collaborer avec le FBI, choisissant ainsi d’être loyal vis à vis de son employeur de l’époque Alstom (cette histoire l’a quand même conduit à deux ans de prison en plaidant coupable pour s’en épargner entre 15 et 19 années), ceci n’a pas empêché ce dernier de le licencier rapidement pour abandon de poste! Comme quoi, et cela est une constante chez les lanceurs d’alerte, la loyauté ne paie pas et les lampistes sont bien utiles. Sans doute était-ce pour cette raison qu’il vaut mieux dénoncer.
Nous rappellerons ensuite que, lors de l’audition de Patrick Kron à la commission d’enquête parlementaire, Natalia Pouzyreff, vice-présidente LREM de la commission d’enquête, s’était étonnée auprès de lui qu’il n’avait pas jugé bon de recevoir l’épouse de Monsieur Pierucci ou à minima de communiquer avec elle alors que son époux était emprisonné aux US. « La personne de M. Pierucci ne bénéficie de plus aucun soutien, il n’a reçu aucune visite de la part de représentants de la société Alstom, il est emprisonné pour trente mois, vous n’avez pas reçu la famille et il a plus d’une centaine de milliers d’euros de frais d’avocat non payés… »
Non, Monsieur Pierucci n’est pas Carlos Ghosn.
Nouvelle illustration pour les non-encore lanceurs d’alerte, on passe très facilement du jour au lendemain de cadre méritant à paria mais après tout comme nous l’explique l’un des principaux acteurs de ce dossier Emmanuel Macron, « il y a des gens qui réussissent et ceux qui ne sont rien ». Dans la pratique faudrait-il encore préciser comment devient-on, ou comment fabrique-t-on, « un rien » ?

Revenons donc à notre étonnement quand Monsieur Pierucci charge quasi exclusivement la justice américaine, source de ses ennuis. Il convient de rappeler que l’enquête sur Alstom par cette dernière remonte à 2010 soit 3 ans avant son arrestation et période pendant laquelle monsieur Kron aurait sciemment menti aux autorités américaines, leur faisant croire qu’il menait en interne dans le groupe Alstom une enquête afin d’établir les responsabilités sur les faits de corruption présumés, prêt avec le Groupe à collaborer pleinement avec le FBI. Il n’en fut rien, aux dires de l’ex cadre.
De ce fait, Monsieur Kron semblerait avoir pris le risque d’exposer ses employés lors de leur déplacement à une justice américaine qui ne plaisante pas… ce qui est arrivé à Monsieur Pierucci. On a beau être cadre, il n’en demeure pas moins qu’en cas de pépin, on devient très vite un « rien ».

Si la justice américaine fait son travail, quand bien même elle instruirait avec des arrières pensées, il semblerait que l’attitude du Groupe Alstom et de son dirigeant aurait fait courir un risque plus important à ses propres cadres, quitte à les lâcher.

« Frédéric Pierucci paye pour des pratiques qui ont été favorisées, connues et généralisées au sein de l’entreprise. Il a été sacrifié par ses patrons pour qu’ils puissent, eux, rester en liberté. »
Pierre Laporte, ancien cadre d’Alstom à France info.

MM.

Lettre à Macron: les lanceurs d’alerte ne vous ont pas attendu

Nous pouvons discuter de la forme de la « Lettre au Français » … mais à notre sens, ceci disqualifierait d’entrée l’exercice.
Par définition, débattre sur la base des sujets autorisés par l’une seule des parties, est la négation d’un débat. Ce n’est pas une lettre qu’il fallait envoyer aux français, mais plutôt un QCM ! Quitte à faire les questions, autant choisir les réponses possibles.

Sur le fond, nous ne savons pas trop ou nous ne savons que trop bien. Parce que tout ceci entraîne la peur, celle qui confirme un peu plus, à chaque affaire, à chaque décision ou mesure, que nous vivons dans deux mondes différents.
Vous dîtes « Le sens des injustices y est plus vif qu’ailleurs »; « Tous voudraient un pays plus prospère et une société plus juste »; « La société que nous voulons est une société dans laquelle pour réussir on ne devrait pas avoir besoin de relations ou de fortune, mais d’effort et de travail », et nous vous en passons d’autres !

Avez-vous pour autant compris que ces sentiments sont nés et ont été exacerbés par des décennies de politiques économiques libérales et injustes? Par une corruption endémique de la classe politique ? Par des corps intermédiaires démissionnaires ? La liste serait longue et ne serait sûrement pas à la hauteur des sujets imposés au « débat ».
Pour preuve, la troisième assertion reprise ci-dessus : Benalla et autres serviteurs, ça vous parle ? Il suffit de se plonger dans les parcours professionnels et les cursus universitaires de certains ministres et députés du « nouveau monde » pour se convaincre que les passes-droits sont devenus des passes partout.
Devenu start-up nation, l’État en copie ses fondements : médiocratie, copinage et corruption gouvernent ce monde. Et le « débat » ne le changera pas : aborder le sujet du budget de l’État reste une discussion sur les seules dépenses et l’utilité des services publics. Quid des recettes ? Peut-on « discuter » de la fiscalité visant certains types de revenus ? Apparemment non, ça n’était pas prévu dans le QCM… La fraude fiscale pareil, elle n’y avait pas sa place.
Nous allons nous arrêter là. Pour le constat nous ne vous avons pas attendu et malgré neuf samedis de mobilisation vous ne semblez toujours pas en avoir pris conscience. Mauvaise volonté ? Comme on dit, poser la question c’est déjà commencer à y répondre.

Si vous vous étiez un jour, ne serait-ce que quelques minutes, intéressé aux lanceurs d’alerte ces dix dernières années, vous auriez pu faire bien avant le constat posé aujourd’hui sur feuille blanche. Vous auriez même eu des débuts de solutions aux questions que vous posez aux français sachant que débattre est une autre affaire.
Mais sans doute pour vous un lanceur d’alerte est une relique du vieux monde : désintéressé, honnête, respectueux des règles et lois, soucieux de justice… autant de comportements qui n’ont pas leur place dans la start-up nation, ce nouveau monde.

En partant de simples constats, fruits de leurs expériences, de la violence subie, du traitement interminable et trop souvent scandaleux de leurs dossiers, confrontés à l’incompétence volontaire des autorités de régulation et de contrôle, à la lâcheté des corps intermédiaires, à une justice quasi absente même quand l’intérêt général est manifestement en jeu, les lanceurs d’alerte ont retenu la leçon depuis bien longtemps.
Alors à quoi bon « débattre » puisque la démocratie en passe d’être vendue est celle du « cause toujours tu m’intéresses » ?
«Dites-nous ce dont vous avez besoin, nous vous dirons comment vous en passer» aurait répondu Coluche s’il avait reçu cette lettre. Les lanceurs l’ont malheureusement bien intégré.
Dès lors, comme vous, nous pouvons continuer à faire semblant de débattre, histoire de maintenir l’illusion d’une démocratie qui fonctionne…

MM.

Crise financière: pour bientôt ?

La prochaine crise financière pointe le bout de son nez. Ne soyons pas impatients, elle viendra plus rapidement qu’on ne le pense, en 2019, en 2020 peut-être. En tous les cas beaucoup plus rapidement que le traitement judiciaire des alertes lancées au lendemain de la précédente crise, celle de 2007-2008, 10 ans, une paille. Et ceci a sans doute à voir avec cela.

Comme nous l’indique The Guardian dans son édition du jour, « IMF warns storm clouds are gathering for next financial crisis », David Lipton, first deputy managing director du FMI, vient de déclarer à Londres que la «prévention des crises est incomplète» plus d’une décennie après la dernière crise du système financier mondial. Selon lui des nuages sombres s’accumulent sur un système n’ayant pas pris la mesure des enjeux et des risques.
L’horizon de l’économie mondiale était en train de s’obscurcir dangereusement nous avertit David Lipton, et les États comme les banques centrales pourraient manquer des moyens nécessaires pour faire face à une éventuelle crise. «Comme beaucoup d’entre vous, je vois les nuages noirs s’accumuler et je crains que le travail de prévention des crises soit incomplet», a-t-il ajouté, estimant que les autorités politiques et monétaires pourraient être prises au dépourvu si on devait s’y confronter.
De nombreux États ne disposeront que de marges de manœuvre limitées en raison de leur niveau d’endettement. «Il ne faut pas s’attendre à ce que les gouvernements disposent de moyens aussi importants qu’il y a dix ans pour répondre à une crise», a-t-il déclaré, ajoutant que tout plan de relance pourrait se heurter à des résistances politiques en raison du fardeau financier qu’il engendre.

Deux enseignements à tirer

Tout d’abord si l’analyse de la précédente crise financière a fait l’objet d’une abondante littérature et de multiples études, force est de constater, une nouvelle fois, que peu d’enseignements en ont été tirés, que peu de mesures de prévention n’ont été mises en œuvre.
Ensuite, la prochaine crise s’exercera dans un contexte tout autre, les États et les banques centrales ne disposant plus des moyens qui étaient les leur en 2008 pour maintenir le système hors de l’eau, venir au secours des banques et créer de la dette pour amortir plus ou moins le choc.

L’analyse du FMI

Le FMI a récemment rendu publique une analyse assez révélatrice de la crise financière de 2008.
Premier constat: parmi les 180 pays étudiés, il convient de distinguer ceux qui ont connu une crise bancaire avec la crise économique et les autres, par effet systémique, uniquement économique.
Ce sont surtout les premiers qui ont été les plus touchés soit 24 pays qui ont connu une crise bancaire et dont 18 ont des économies procurant des revenus élevés.
91 économies représentant les 2/3 de la production mondiale ont connu une baisse de la production en 2009. Soit le pire choc traversé depuis la fin de la dernière guerre. Les autres ne se portent pas forcément mieux : 60 % des pays qui n’ont pas dû encaisser une crise bancaire en plus n’avaient pas encore retrouvé, l’an dernier, leur niveau de production d’avant-crise.

Les principales observations du FMI, dix ans après les faits, tiennent en quelques constats:
1. Ce fut une crise financière pour les pays occidentaux, mais une crise économique pour tous les autres. A cet égard, le stimulus économique décidé en urgence par les dirigeants chinois à l’époque – représentant 10 % du PIB de leur pays – a joué un rôle d’amortisseur absolument décisif.
2. Le principal effet de la crise a été de freiner les investissements : ils ont perdu un quart de leurs montants en dix ans. Et cela expliquerait le fameux ralentissement de l’innovation.
3. Les pays les plus durement frappés sont ceux qui ne disposaient pas de la possibilité de jouer sur leurs taux de change – et c’était le cas essentiellement de la zone Euro.
4. Il fallait sans doute sauver les banques. Par contre, et tenez-vous bien car c’est le FMI qui le dit, il n’était peut-être pas indispensable de sauver les banquiers… qui ont peu changé leurs comportements.
5. La sur-financiarisation de certaines économies – occidentales quasi-exclusivement – les pénalise deux fois et conduit à un effet multiplicateur de la crise. Les économies sous-financiarisées en paient malgré elles quand même le prix pour de très longues années. Enfin, en période de crises aiguës la trop forte intégration d’économies comme cela est le cas de l’Europe, approfondie encore la récession en ne permettant pas d’user d’outils d’amortissement.

Traiter l’urgence

Dans cette même étude, le FMI conclut par trois tâches urgentes, un peu comme une litanie de vœux pieux :
➡️ Normaliser d’urgence les politiques monétaires.
➡️ Imaginer les réponses à apporter lorsque la prochaine crise va se déclencher – et de préférence en amont de la crise, car une fois qu’elle sera lancée, ce sera trop tard.
➡️ Et enfin, tenter de réparer les dommages causés par cette crise à la crédibilité des Occidentaux.
Et là, il reste du boulot… ou plutôt il aurait été plus judicieux de faire le boulot en temps et en heure.

🔴 Car tout ceci est quand même extraordinaire.
Sentant les premières alertes d’une prochaine crise financière d’envergure, le FMI -dont la principale tâche est quand même d’assurer la régulation et la sécurité du système financier international- semble se réveiller proposant de multiples recommandations qu’il n’a pas cherchées à mettre en œuvre pendant toute la décennie précédente.
Pourtant les réponses sont là, dans ses propres études et ses propres pistes de réflexion.
La nécessaire définanciarisation de l’économie en séparant banque commerciale et banque d’investissement, disposition à laquelle l’Europe, et notamment la France, se seront toujours opposées, et que les États-Unis, après l’avoir partiellement mis en œuvre, sont en train d’annuler sous l’administration Trump.
Changer également les comportements, mais pour ce faire encore faudrait-il que ceux responsables des errements et fraudes de 2008 aient été poursuivis et renvoyés à leurs chères études économiques.
Rien de tout cela, des institutions financières encore plus « trop grosses pour faire faillite » aux mains de banquiers auxquels gouvernements et institutions internationales ont offert un parapluie pour traverser la tempête de 2008 sans se mouiller.

En 2019, 2020… nous aurons été prévenus, les alertes, ça n’est pas ce qui a manqué.
Alors, comme le New York Times nous posons nous aussi la question: Are You Ready for the Financial Crisis of 2019?

MM.

Disclose: création d’un nouvel acteur de l’alerte


Nous, lanceurs d’alerte du collectif MetaMorphosis, nous réjouissons de l’initiative prise par les fondateurs et acteurs du projet Disclose.ngo, Media d’investigation à but non lucratif et d’intérêt général et leur apportons notre entier soutien.
Forts de nos expériences respectives de lanceurs dans des secteurs d’activités différents, nous estimons que Disclose dans son concept de traitement et d’approche de l’alerte, répond à une urgence et une nécessité fondamentale pour que demeure dans notre société la voix de l’intérêt général.

Nous avons tous été, à des degrés divers, confrontés à la difficulté de rendre publiques nos alertes.
Difficulté tout d’abord d’accéder tout simplement à des organes de presse disposés à s’investir dans nos histoires : nous avons tous connu l’auto-censure de certains journalistes, la censure plus ou moins déguisée des directeurs de publication ou des actionnaires, souvent un désintérêt pour ce qui est perçu comme complexe, trop souvent un refus de s’investir dans une affaire où l’on ne mesure pas immédiatement les tenants et aboutissants.
Difficulté ensuite à obtenir un traitement professionnel de l’alerte : par facilité, par soucis du sensationnel ou manque de moyens, l’analyse des alertes se limitent bien souvent aux lanceurs, à leur parcours, leur situation sociale et professionnelle, et il est fait l’économie d’une analyse approfondie et rigoureuse des mécanismes à l’œuvre, des implications pour ceux qui y exercent leur métier et plus généralement pour la société.

Enfin, et nous le savons tous trop bien, l’alerte porte mal son nom : il ne s’agit pas d’un cri qui réveillerait les consciences mais d’un long murmure parsemé de très longs silences. L’alerte se compte en années de combat, l’alerte est un « travail » qu’il faut remettre tous les jours sur le métier.
Pour ce faire, le lanceur a besoin d’une presse engagée à suivre au long cours les alertes, quitte a partager avec lui les désillusions, les échecs, et les victoires. Ici aussi, trop souvent, la presse traite l’alerte comme un fait divers, presque un produit d’appel, sans s’investir dans le long terme, à la seule écoute du prochain fait judiciaire.
Si informer est essentiel il n’en demeure pas moins que l’objectif premier de tout lanceur est de mettre un terme aux faits dénoncés. Faire bouger les lignes n’est pas une mince affaire…surtout pour celui qui la porte!
« Si le premier objectif de la presse est d’informer, elle doit aussi contribuer au changement. Dénoncer des pans obscurs de nos sociétés ne suffit plus. S’indigner à chaque scandale écologique, industriel ou sanitaire non plus. » Disclose.ngo

Le projet Disclose.ngo et la qualité de ses animateurs devraient à notre sens permettre de répondre à certaines de nos attentes : replacer l’alerte au centre, privilégier une approche professionnelle, donner les moyens d’un traitement sur la durée, en un mot redonner à l’alerte sa dimension première, celle d’une dénonciation d’une atteinte grave à l’intérêt général.

« Parce que l’information doit être ouverte et accessible au plus grand nombre, Disclose plaide pour un journalisme d’investigation indépendant, non lucratif, d’intérêt public »

Faites comme nous, appuyez, soutenez Disclose, passez de l’indignation à l’action!

➡️ Disclose.ngo

MM.

Lanceurs d’alerte: noms d’oiseau et post-vérité

Les lanceurs d’alerte sont donc des menteurs, des dérangés, des racketteurs, des affabulateurs, des intéressés… et on en oublie de plus belles.
Désolés, mais nous n’avons pas le vocabulaire des entreprises qu’ils dénoncent, apparemment cela nécessite un peu d’entraînement, de longues semaines passées sur les bancs des tribunaux. D’un autre coté, on se dit que ce n’est vraiment pas la peine de se pointer aux audiences avec une horde d’avocats, l’achat d’un dictionnaire de mots obscènes ferait largement l’affaire, et coûterait quand même bien moins cher. Car, quand on n’a pour seule défense l’insulte, qu’on a du mal à dépasser la psychologie à deux balles des cafés du commerce pour dépeindre ses accusateurs, un soupçon d’intelligence voudrait que l’on joue profil bas. Mais voilà, quand on pense que le monde vous appartient, votre vérité, aussi grossièrement travestie qu’elle soit, devient LA vérité. Et c’est bien connu, là où il n’y a pas de gêne, il n’y a pas de plaisir.

Attention, tout ceci n’est pas l’apanage des sociétés renvoyées devant les tribunaux suite à des dénonciations de lanceurs d’alerte. La post-vérité étant devenue la marque à la mode, le nouvel AberCrombie, tout aussi artificiel et espérons éphémère, les politiques s’en sont emparé comme des morts sur la faim.
Quand on n’a rien à dire, rien de tel qu’une petite insulte et des menaces à peine voilées. C’est comme ceci que les journalistes deviennent des abrutis, des menteurs et des tricheurs, et qu’on encourage le troupeau à leur pourrir la vie. De la même façon qu’il n’y a pas de dictateur sans un peuple acceptant la soumission, il n’y a pas de post-vérité sans un troupeau prêt à l’accepter et à la répéter les yeux fermés.

Au final, lanceurs d’alerte et journalistes sont traités de la même façon, et plus largement tous ceux qui se disent que la réalité est sans doute plus complexe que quelques mots piochés ici et là dans un dictionnaire de synonymes. C’est assez comique au demeurant de constater que certains se proclamant haut et fort défenseurs des lanceurs d’alerte, utilisent exactement les mêmes procédés que les entreprises que les lanceurs dénoncent. C’est encore plus comique, quoi que désolant, que certains lanceurs, légitimes dans leur combat, acceptent ce petit jeu qui revient à s’infliger soi-même les coups de poignards. Mais bon, la nature humaine, comme la post-vérité, sont sans doute insondables, et puis l’important au final c’est d’y croire, on y réfléchira plus tard.

Parce que quand on y croit, tout est permis. Il n’y a plus de barrière. On peut dire tout et son contraire dans la même phrase, on peut mentir outrageusement, peu importe. Là où les sciences sociales se sont donné pour objectif de mettre en œuvre les outils permettant d’interpréter et de comprendre la réalité, les réalités, nos challengers ont pour mission d’élaborer un discours qui se substitue de lui-même à la réalité et à la vérité. C’est facile et bien pratique : si l’on est Insoumis on peut « en même temps » prétendre défendre la liberté de la presse et menacer les journalistes, si l’on est macronien on peut « en même temps » défendre la tradition d’accueil de la France et refouler tous ceux qui se présentent aux frontières, si l’on est une banque française, on peut « en même temps » affirmer que l’on respecte les lois des pays dans lesquels on exerce et signer un protocole d’accord avec un pays tiers reconnaissant que l’on n’a pas respecté les lois en question. Et des exemples à l’avenant, l’actualité en regorge.

Si les lanceurs d’alerte sont le poil à gratter des entreprises montrées du doigt pour leurs comportements délictueux, ils sont aussi le cauchemar des politiques. Ceci expliquant sans doute l’inaction, au-delà des discours d’intentions sans lendemain de la caste politicienne, et ce d’une extrême à l’autre, quand ce n’est pas le mépris ou une volonté réelle de les bâillonner. Le lanceur d’alerte est le cauchemar du politique car il est la démonstration vivante que l’organisation politique et économique de la société qu’il nous vend comme indépassable, est une énorme tartufferie. Nous pourrions porter le regard dans de multiples directions, mais limitons nous ici à deux points d’ancrage.

La confiance, maître mot de l’organisation de notre « démocratie libérale ». Confiance dans les acteurs économiques, confiance dans les corps intermédiaires, dans la classe politique, sans cette confiance, que l’on voudrait quasi-naturelle, tout ne serait que déséquilibres et loi du chacun pour soi. Car la confiance c’est aussi le respect des engagements, le respect des processus électoraux, le respect des règles que la société se donne pour être, espère-t-elle plus harmonieuse et égalitaire.

C’est un b-a-ba de l’économie libérale : sans confiance entre les agents, sans respect des engagements, la transparence est impossible, la concurrence est faussée, les acteurs ne sont pas sur le même pied d’égalité. C’est une règle d’or affichée aux pontons de toute entreprise qui se respecte, on n’a pas inventé pour rien la possibilité de défaire des contrats quand la confiance est brisée, quand la loyauté est atteinte.
Et le lanceur d’alerte vient mettre son bordel dans ce monde rêvé : il l’applique à la lettre ! Il se conforme aux lois et règlements de son champ d’exercice, il assume ses responsabilités, il tient ses engagements, il agit en fait pour que la confiance puisse être maintenue entre les différents agents, persuadé que son comportement est un gage de stabilité et d’égalité de la société. Et pour ce faire, sa société, la société et tous les corps intermédiaires, le montrent du doigt, l’accusent, le marginalisent et l’excluent. Tout ceci, on l’aura compris, n’est qu’un comportement de défense, aussi puérile que de crier à la face du lanceur menteur ou autres noms d’oiseaux. Une fois de plus le symptôme a moins d’importance que la cause. Pourquoi un tel comportement si ce n’est pour reconnaître que le lanceur met en péril un certain équilibre, mais pas celui que l’on croit, pas celui que l’on cherche à nous vendre, juste un équilibre dans la négation des règles imposées ?

La méritocratie, l’un des principes fondateurs de la démocratie libérale, promesse devant sceller une société de progrès perpétuels, remise au goût du jour sous les lumières du pseudo « nouveau monde », même si c’est une fois de plus puérilement et grossièrement. Si le bonheur est dans le pré, le mérite est de l’autre côté de la rue !
Bon, on sait depuis longtemps que tout ceci est une grosse arnaque, mais le mythe demeure bien vivant et surtout bien entretenu. Mieux vaut être rentier et oisif que mal né et travailleur. La médiocratie a remplacé depuis des lustres la méritocratie, et en ces temps de libération de toutes les paroles, même les plus archaïques, et en ces temps où la bêtise est devenue un art de vivre (« parce que je le vaux bien »), le médiocre, pourvu qu’il ait quelques pouvoirs de polichinelles, se revendique haut et fort. Les médiocres ont pris le pouvoir, mais en plus ils sont militants et pour beaucoup d’entre eux corrompus, ouvertement. Alors là aussi, le lanceur d’alerte est un empêcheur de tourner en rond. Le médiocre n’a pas d’autre horizon que sa propre médiocrité pour maintenir ses pouvoirs, ses avantages, ses petites magouilles, après tout c’est pour ça qu’il a été coopté, il fera ce qu’on lui dit et ne remettra pas en cause l’équilibre de la pyramide. Le lanceur quand il dénonce ne fait pas que porter préjudice à l’entreprise en mettant sur la place publique ses dysfonctionnements, ses errements, ses malversations, il remet en cause l’équilibre précaire de toute la structure, le gagne pain facile de l’édifice et de ses médiocres.
Il n’est pas uniquement l’ennemi de l’organisation, il est aussi celui de tous ceux qui y vivent protégés derrière leurs insuffisances, leur incompétence et leur fidélité aveugle à la main qui leur donne à manger, encore un qui n’a pour d’autre horizon que d’y croire.

Derrière les noms d’oiseau il y a un autre monde, une autre réalité, une autre vérité, si éloignés du monde loué, que celui qui ose lever la main est condamné sans autre forme de procès.

MM.

Les lanceurs d’alerte contre la colère populicide et sa meute

Face aux réactions anti-républicaines et anti-démocratiques, haineuses trop souvent, des réseaux aux ordres, nous abreuvant ces jours-ci des éléments de langage du «populicide insoumis»,


suite à ce qu’il est normal d’appeler maintenant «l’affaire des comptes de campagne de la France Insoumise et les frustrations existentielles du camarade Mélenchon», ici,
nous, lanceurs d’alerte du Collectif MetaMorphosis, apportons notre entier soutien à la profession journalistique, y compris à celle qui ne nous a pas soutenus dans nos combats ou qui a estimé préférable de détourner le regard.
Nous demeurons convaincus que toute atteinte aux libertés d’opinion et d’informer est à la fois indéfendable et constitue un premier pas inadmissible vers la dictature.

Malheureusement l’incurie et le fanatisme de la horde les rendent aveugles, alors que partout dans le monde, sur la base des mêmes procédés, journalistes et défenseurs des droits de l’homme sont assassinés, bâillonnés, interdits de travailler.

Nous ne voulons pas d’un monde où ceux qui pensent différemment du «chef» doivent être jetés en pâture à la meute.

Informer n’étant pas un délit et plus que jamais la liberté de la presse une nécessité pour notre démocratie, MetaMorphosis porte tout son soutien à l’ensemble de la profession des journalistes.

« Ceux qui récusent la légitimité des journalistes jouent avec un feu politique extrêmement dangereux. Les démocraties ne meurent pas que par des coups D’État mais elles peuvent mourir aussi à petit feu, et l’une des premières bûches c’est généralement la haine envers les journalistes » – Christophe Deloire, Secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF)

MM.

Billet d’humeur – Aux corrompus (et autres), la Patrie reconnaissante !

Changeons notre fusil d’épaule. La défense des lanceurs d’alerte c’est bien. Relater, décrire, analyser les alertes, c’est bien. Pointer du doigt les dysfonctionnements, le non respect ou le travestissement des règlements et lois, c’est bien aussi. Est-ce que ça aide les lanceurs, tous ceux soucieux du respect du droit commun, tous ceux qui pensent qu’une société soumise à certaines règles s’appliquant à tous est une société plus équilibrée et pacifiée? Sans doute, on l’espère en tous les cas. Car la plupart des alertes s’immiscent dans ces espaces, ceux où règles et lois sont oubliées, volontairement ignorées ou carrément violées. On pourrait donc penser, qu’à force d’efforts, d’explications et d’un peu de justice, ces espaces diminuent, rendant inutiles alertes et lanceurs.

Changeons notre fusil d’épaule.

N’y aurait-il pas plus simple ? S’il n’y avait plus de dysfonctionnements, si les libertés prises avec les règles, si le fait d’oublier ou d’ignorer la loi,..si tout ceci n’était plus si grave que ça, il n’y aurait plus besoin d’alertes, de lanceurs… Admettons.
➡️ Rêve, cauchemar ? Qui sait…
Cette hypothèse n’est pas si loufoque que ça. Nous sommes quand même entrés et progressons à grande vitesse dans un nouvel univers juridique, celui de la dépénalisation d’un nombre toujours plus important d’infractions.
Nous ne ferons ici la liste des « avancées » en la matière, destinées à « simplifier la vie de ceux qui entreprennent », à « redonner de la flexi-sécurité » (sic), à reconnaître un « droit à l’erreur » et ne pas pénaliser « celui qui prend des risques », et, Graal parmi les Graal, à « permettre aux entreprises d’embaucher ».
Qu’est ce qu’on ne ferait pas pour quelques « bullshit jobs » payés au lance-pierres…
On vend bien des armes à des dictateurs assoiffés de sang parce que c’est bon pour l’emploi, on peut bien aider des cartels de la drogue à blanchir leur argent si c’est bon pour le business et que ça permet de dégager de beaux bonus …on sait vous motiver!
Tout ceci va « redynamiser » la demande intérieure. Pensez-y !

Alors arrêtons de nous prendre la tête.

A MetaMorphosis nous avons décidé de militer pour que l’on mette nos règles et lois en conformité avec les pratiques communément admises.
Si l’employeur a le droit de se tromper sur le motif du licenciement et de le changer en fonction de ses besoins, pourquoi continuer à le motiver ? Mais qu’il licencie, sans motif et sur le champ !
Certaines activités sont considérées comme illégales, le trafic de drogue, le trafic d’êtres humains, le proxénétisme… mais pitié que l’on n’empêche pas les banques de faire leur travail. Qu’elles blanchissent, de toute façon, à part une petite amende, il ne leur arrive déjà rien. Une petite envie de se servir dans une caisse d’argent public ? Arrêtons de nous offusquer et donnons systématiquement le chéquier, de toute façon même si ces salauds de journalistes découvrent le pot au roses, d’une belle promotion ils -les protagonistes visés- seront récompensés. Que de temps et d’argent perdus à mobiliser autorités de contrôles, cours des comptes, policiers ou juges alors que le résultat est quasi toujours le même.

Le nouveau monde sera « efficace » ou ne sera pas.

Dérégulons, réformons, dépénalisons… Le nouveau monde sera corrompu ou ne sera pas. Et voilà comment régler le problème des lanceurs d’alerte et des journalistes d’investigation : ça n’était vraiment pas la peine de s’embêter à faire voter une loi secret des affaires ou racheter toute la presse pour mieux la contrôler.
Si voler n’est plus un crime, il n’y a plus de voleur, il n’y a plus de victime, circulez il n’y a plus rien à voir !

Nos amis helvétiques ont tout compris.

UBS va être condamnée, on l’espère et c’est bien. Il le faut en tous les cas.
Profitons-en, car avec des dispositifs comme la CJIP (Convention Judiciaire d’Intérêt Public) et avec l’air du temps, nous ne sommes sans doute pas près de revoir un tel procès!
Outre que d’un seul point de vue financier, la banque doit bien rigoler en voyant le montant de l’amende réclamé par le fisc français (après tout on ne va pas reprocher à une banque de faire de bonnes affaires, surtout quand la partie adverse est si peu exigeante), une bonne nouvelle l’attend à la fin du procès : le droit suisse lui permet de déduire de son impôt le montant de l’amende payée.
Un beau crédit d’impôt en perspective. Gagnant à tous les coups…
C’est quand même beau le nouveau monde !

MM.

Lanceurs d’alerte: « A long aller, la lime ronge le fer »

« Durant huit ans, de 2001 à 2009, Nicolas Forissier a été au cœur du système UBS. Il fait ses débuts au siège de la filiale française le 10 septembre 2001 comme responsable du contrôle interne. Une fonction qui consiste à vérifier que l’établissement financier respecte bien toutes les procédures, dans ce métier assez réglementé qu’est celui de banquier.  »
« Contre l’avis de sa hiérarchie, il consigne ce qu’il a débusqué dans un rapport et prévient l’Autorité de contrôle prudentiel (ACP), le gendarme des banques. Il est licencié en octobre 2009. »
« Procès UBS : trois lanceurs d’alerte », Journal Libération de ce jour, ici.

Puis tout bascule…un long chemin de solitude

La persévérance et soutiens sont une arme

Nous serons tous avec Nicolas.
Le procès Ubs commence demain.

MM.