« Il ne faut pas avoir peur de la vérité » ( Albert II ) ou les tribulations d’un juge honnête dans la Principauté de l’entre-soi, des secrets et de l’omerta.
Nous vous invitons à voir ou revoir le Pièces à Conviction du 10 juin 2020 intitulé « Scandales à Monaco, les révélations d’un juge ».
Vous saurez tout sur la fameuse affaire Rybolovlev, « amabilités » de la police, de la justice et de tout ce que Monaco compte de personnages « importants » à son égard, le mal fou que tout ce beau monde se donne pour empêcher un juge français détaché de tout simplement rechercher la vérité.
Ce juge est Edouard Levrault. Il intervient tout au long du reportage et au terme de sa diffusion, dans une interview dont nous avons repris ici les principaux passages.
Nous ne pouvons qu’être reconnaissants du travail et de la pugnacité de ce juge qui a pris indéniablement des risques dans un environnement pour le moins hostile.
Mal bien français, nous aurions tendance à faire de ce juge un héros, qualificatif qu’il rejette lui même en rappelant qu’il n’a eu d’autres ambitions que celle de remplir sa mission dans le cadre de la loi.
Il faudra sans doute un jour, que les quelques journalistes d’investigation toujours actifs en France nous pondent de longs sujets non plus sur ceux qui font leur travail et respectent leur serment, mais sur tous les autres !
Pourquoi pas un Pièces à Conviction sur tous les juges français détachés à Monaco qui ont répondu aux sollicitations, gouté avec délectation à tous les avantages que la Principauté sait offrir à ceux qu’elle souhaite loyaux ? En un mot sur ces juges qui ont préféré soigner leur carrière et oublier sur le bas côté leur serment ?
Généralement ils ne sont pas difficiles à reconnaître, ils obtiennent à la sortie de leur mission en Principauté, une affectation promotion en France. Parce que si Levrault n’a reculé devant rien jusqu’à perquisitionner et mettre en examen le ministre de la justice locale, il existe aussi des juges français détachés qui en trois années d’instruction n’ont pas trouvé utile une perquisition, ni même jugé bon d’entendre les lanceurs d’alerte, et ont fui comme la peste les journalistes… Quand, ô malheur pour eux, quelques informations sur l’affaire sont rendues publiques par voie de presse, ils ne prendront pas même la peine d’en faire la réquisition …
« J’ai réalisé qu’à Monaco la justice devait être une institution qui arrange, et non qui dérange »
Edouard Levrault
Il y a(vait) donc Levrault, mais surtout, aussi tous les autres.
Messieurs les journalistes, rendez hommage à ces derniers…
Pour le plaisir nous pourrions aussi poursuivre ce raisonnement en s’intéressant non plus à ces lanceurs d’alerte qui, conformément à leurs obligations professionnelles et légales saisissent leur hiérarchie puis la justice, mais à tous ces salariés , directeurs en tout genre, qui s’exonèrent de leurs propres obligations pour se ranger du côté obscur des affaires, du secret et de l’omerta. A Monaco et ailleurs, nous savons trop bien que pour les entreprises et les pouvoirs en place, ceux ci, ces taiseux, sont quoi qu’il en coûte les plus loyaux, de vrais héros… selon l’adage bien connu : « le silence est d’or ».
M.M