Nucléaire: entre opacité et mensonges, que vaut l’alerte?

L’opacité et le mensonge semblent être devenus la règle dans la filière nucléaire. Le recours systématique à la sous-traitance avec des travailleurs précaires, l’augmentation de la charge de travail des personnels, la recherche d’économies sur les matériels et le vieillissement des installations… augmentent inéluctablement les risques d’accidents. De facto, des alertes, en veux-tu, en voilà !
Pour ou contre le nucléaire, ici n’est pas le débat. Les centrales telles qu’elles fonctionnent et les lacunes dans la prévention des risques, posent en l’état, un problème sérieux.


La France serait -elle, avec un temps de réaction inquiétant, plus dans la réaction que dans l’action ?
Si tel est le cas, comme nous avons pu le constater avec l’affaire Lactalis où certaines catégories de professionnels auraient pu anticiper les dangers pour la population de produits contaminés, il s’est avéré au final, qu’en amont, quasiment personne n’a vraiment bougé. Si pour le nucléaire il devait en être ainsi, quand il s’agira de s’enquérir concrètement du problème, ce sera malheureusement bien trop tard…
Si alerter ne suffit plus, d’autres prennent les devants quitte à faire passer pour ridicule notre fleuron nucléaire aux « sécurités maximales ». Comme le disait Yannick Rousselet, chargé du dossier nucléaire à Greenpeace France « C’est dommage de devoir entrer dans une centrale, se mettre dans l’illégalité et risquer de la prison, pour que les députés se saisissent du sujet ». Voilà, la photo de la Centrale rhabillée de l’étendard Greanpeace prise…la sécurité a bien fonctionné, de façon maximale nous a-t-on dit.

La prochaine étape ? Une commission d’enquête parlementaire. ici. Encore une !
L’objectif ? Enquêter et auditionner de nombreux acteurs en lien avec l’industrie nucléaire: des lanceurs d’alerte, l’exploitant EDF, des organismes de contrôle, sachant que pas plus tard la semaine dernière, le gendarme de l’atome a déjà jugé que le nucléaire se portait mieux en France ! ici

Faut- il rappeler à ce beau monde que c’est la catastrophe de Fukushima en 2011 au Japon qui a révélé comment l’opérateur privé Tepco avait falsifié les rapports alarmants sur la sûreté des installations, avec la complicité de l’État ? … En France, devrions-nous faire davantage confiance à EDF et à l’Etat ?
Rappelons que si sortir de l’opacité sur le nucléaire n’est pas une mince affaire, sortir de son opacité financière ne l’est pas non plus. Si in fine tout est question de coûts, qu’en est-il de la transparence sur la gestion d’un des principaux acteurs du secteur, Areva / UraMin et ses milliards perdus ? Et pour EDF ?
Enfin, si ces pratiques et cette opacité semblent à ce jour résister aux nombreuses alertes, dénoncer n’est pas de tout repos… pour seule réponse, des menaces et des attaques judiciaires comme unique politique de communication…

MM.

Affaire Areva-UraMin

Perquisition au siège d’Areva dans l’affaire UraMin.
Areva a fait l’objet, mardi 28 novembre, d’une perquisition dans le cadre de l’enquête sur l’affaire UraMin, a annoncé une porte-parole du groupe nucléaire public, confirmant une information de M6. La porte-parole a confirmé que la perquisition avait eu lieu au siège du groupe, à la Défense, mais a refusé de faire d’autre commentaire.
En savoir plus: Du journal « Le Monde »

Rappel en vidéo- Pièce à conviction – Affaire Areva Uramin 3 milliards en fumée
En 2007, Areva, leader mondial du nucléaire civil, achète Uramin, une petite société minière canadienne, pour 1,8 milliard d’euros. Mais rapidement, les gisements, situés notamment en Namibie et en République centrafricaine, se révèlent inexploitables. Depuis avril 2014, la justice enquête sur cette affaire et sur les 3 milliards d’euros investis par Areva, une entreprise détenue à 87% par l’Etat. Les investigations doivent permettre d’identifier les responsables de ce fiasco, mais aussi de déterminer si cet argent a été détourné. En outre, quel a été le rôle d’Anne Lauvergeon, l’ancienne patronne d’Areva ? Et celui de l’Etat ? En plateau, l’enquête est suivie d’un débat animé par Patricia Loison.

Affaire UraMin : les preuves de l’escroquerie seraient à Monaco- A la recherche des fonds perdus
Selon l’auteur Vincent Crouzet la vente d’Uramin à Areva en 2007 a donné lieu au versement de rétro-commissions dont les traces existent encore dans 3 banques monégasques.

TROIS QUESTIONS À – Vincent Crouzet, expert en géopolitique, auteur de cinq romans d’espionnage,qui était à Meylan le 29 août. Son dernier livre, Une affaire atomique, plonge dans l’affaire UraMin, un désastre financier faisant suite au rachat par Areva de trois gisements d’Uranium inexploitables. Le tout sur fond de suspicions de corruption et de rétrocommissions.
UraMin – Areva : “Une affaire atomique” pour le géopoliticien Vincent Crouzet –
Uramin- Areva « Une affaire atomique »
Affaire Uramin-Areva : l’écrivain Vincent Crouzet entendu comme témoin

Toutes les enquêtes de Médiapart: AREVA DANS LE SCANDALE D’URAMIN