«Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir»

Aujourd’hui voici une information passée inaperçue dans la presse française, qui a peu de chance d’être reprise et pourtant à bien y réfléchir, elle vaut son pesant d’or.

Nous sommes en plein dans le répertoire «faut pas se gêner» et tout ceci est très révélateur d’une forme de «libération de la parole».
Nous vous rassurons tout de suite, non pas une libération du type «me too» ou «balance ton porc»; mais de celle que l’on entend par ailleurs, sur les migrants par exemple, où l’on peut dire à présent toute sorte d’horreurs sous couvert de la liberté d’expression jusqu’à envahissement des réseaux sociaux de paroles «libérées» avant tout de toute retenue et de toute morale, de toute décence et bien souvent de toute intelligence.
Ce grand déballage de ressentiments et de haines qui veut que « si on le pense c’est que ça doit être vrai », en somme du Descartes recyclé «je pense, donc je dis la vérité»!
Nous l’avons encore entendu ce jour de la bouche du Président le petit qui (selon lui) ne peut être taxé de méprisant puisque ce qu’il dit est «la» vérité, même si, une fois de plus, son inculture et son penchant maladif pour le slogan commercial, lui fait raconter des contre-vérités historiques.
S’il n’y a pas longtemps encore «toutes les vérités n’étaient pas bonnes à dire», force est de constater que le nouvel adage est à présent «là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir».

➡️ Le New York Times nous informe dans son édition d’hier sous le titre «Giuliani Criticizes Crackdown on Corruption in Romania», ici, que Rudolph W. Giuliani, avocat personnel du President Trump s’est fendu d’une lettre au Président roumain, Klaus Iohannis, pour critiquer les efforts entrepris par son pays dans la lutte contre la corruption…

Reconnaissons à M. Giuliani des talents indéniables d’imagination en sa qualité d’avocat de Trump sur l’enquête d’ingérence dans les dernières élections présidentielles, avec cette capacité de dire tout et son contraire dans la même phrase et d’inventer des justifications et des motivations que même le plus farfelu des auteurs de science-fiction n’aurait pas osé penser.
Bien évidemment, il s’est empressé – l’administration Trump avec lui – de préciser qu’au travers de ce courrier, son intervention était personnelle et en aucun cas liée à ses fonctions auprès du Président.

➡️ Rappelons que la Roumanie a rejoint l’Union européenne en 2007 et dans ce cadre devait prendre un certain nombre de mesures afin d’enrayer une corruption endémique, ce qui a conduit à des milliers d’inculpations y compris d’anciens et actuels politiciens nationaux.
Dans sa missive, «M. Giuliani wrote that an amnesty should be given to those who had been convicted in the crackdown, citing the “excesses” of the country’s anticorruption agency».
En cherchant bien, le New York Times a découvert que le Giuliani avocat était lié d’affaires avec la Freeh Company, représentant un certain nombre d’hommes d’affaire roumains poursuivis, notamment Gabriel Popoviciu qui a été condamné en Août 2017 à sept ans de prisons pour corruption dans un projet immobilier au nord de Bucharest.
Certains semblent s’intéresser aux liens éventuels avec l’homme d’affaires Trump, investisseur en Roumanie…

➡️ Au-delà de l’affaire elle-même, la démarche a quand même de quoi étonner : s’offusquer publiquement auprès d’un Président en exercice de ses efforts de lutte contre la corruption conformément aux engagements que son pays a pu prendre!
Nous l’aurons compris, tout ça pour protéger soit les intérêts de quelques uns, soit d’un client spécial ou les deux.

Quoi qu’il en soit, nous pouvons observer deux phénomènes récurrents: d’une part, comme déjà évoqué, une absence totale de scrupule à demander d’autoriser ce qui devrait être interdit, d’autre part, une volonté de servir quelques intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général de tout un pays.

En France et de façon plus subtile, ces phénomènes se déroulent à travers certaines dispositions ou lois permettant à quelques uns de déroger au droit commun; mais peu importe la manière, le résultat est le même.

Si «là où il y de la gêne, il n’y a pas de plaisir», alors pourquoi se gêner ?

MM.

Il était une fois la Wells Fargo et ses whistleblowers

Ce soir, nous allons vous raconter une histoire extraordinaire.
Dans un pays lointain, des lanceurs d’alerte ont porté…l’alerte, ont été (difficilement) entendus par les Autorités de contrôle de leur secteur d’activité, puis licenciés par la banque, pour être ensuite, finalement réintégrés, les préjudices subis et salaires non perçus pendant ces années, devant être réglés par l’employeur licencieur.
Wells Fargo ends fight with a whistleblower in fake-accounts scandal
Leurs dénonces ? des comptes fantômes ouverts dans la banque, des surprimes d’assurances autos, des pratiques commerciales douteuses…une série de scandales qui apparaissent les uns après les autres.
Quoiqu’il en soit, des mesures de précautions et sanctions significatives (prises par la FED) sont tombées ce jour.

Ce merveilleux pays n’est pourtant pas très différent du nôtre. Nous avons la même économie, les mêmes principes de droit, les mêmes Autorités de contrôle, une justice dans les textes totalement indépendante, et sans doute ce pays ne compte pas plus de voyous qu’ailleurs.
Si dans ce pays une telle histoire est une réalité, chez nous, ce n’est qu’un rêve pieux.

Mais quel est ce pays où l’Autorité de contrôle du secteur ne se contente pas de promesses mais interdit toute extension des activités tant que les dysfonctionnements ne sont pas corrigés?
Mais quel est ce pays où le gendarme du secteur impose non pas le licenciement de quelques seconds couteaux mais de quatre membres du Conseil d’Administration?
Mais quel est ce pays où des membres du Parlement agissent pour que les sanctions soient exemplaires et se réjouissent que les Autorités de contrôle puissent faire leur travail en indépendance et avec efficacité ?
Sans doute un Etat communiste qui a dû renier la beauté et la magie de l’économie libérale?
Eh bien non! Il s’agit des Etats-Unis de Trump et de l’une des plus grande banque du secteur…

En tous les cas, vous l’aurez compris, tous les donneurs de leçons habituels le disent en cœur: « pas de ça chez nous, ici on est en France ».

Une sanction sans précédent s’abat sur Wells Fargo
Wells Fargo defrauded the government during financial crisis: suit

MM.