De Macron à Bolsonaro : de la posture à l’imposture

Comme à son habitude, Macron est arrivé au G20 le museau fier, décidé à ne pas se laisser marcher sur les pieds. De la posture. Pas question soi-disant de négocier quoi que ce soit avec le Brésil de Bolsonaro si celui-ci décidait de sortir de l’accord sur le climat COP21 comme il avait pu le laisser entendre. Bolsonaro dont on pouvait penser qu’il était l’un des meilleurs exemples de la politique en « mode bulldozer », s’est facilement joué de notre auto-proclamé président intellectuel, pour lequel il y eut, une fois de plus, beaucoup de bruit en amont pour pas grand chose à la sortie…sauf une imposture.

Comme les engagements ne valent que pour ceux qui y croient, en bon tacticien, Bolsonaro a indiqué que son pays demeurait dans l’accord de la COP21, ce qui ne l’empêche pas depuis qu’il est au pouvoir, de prendre moult décisions qui vont à l’encontre même des objectifs fixés.

Pour clore le tout, déclarer demeurer dans l’accord s’est avéré suffisant pour notre président approuvant par conséquent, la signature par l’Europe d’un accord de libre échange avec le Mercosur.

Cette façon de faire et quel que soit le sujet, semble chez lui une habitude. Les reculades, on connait bien, et elles se voient ! Hier encore, Mediapart s’en faisait l’écho au sujet de l’attitude de la France suite à la dénonciation par Trump de l’accord sur le nucléaire iranien. Les autorités perses sont en fait autant remontées contre l’attitude ambiguë et le double discours permanent de Macron, que par la décision de Trump elle-même…

Pour revenir à nos questions environnementales, la signature de cet accord de libre échange est analysée par la plupart des associations comme un blanc seing donné à Bolsonaro pour continuer son jeu de massacre.
Nous savons tous que sans une Amazonie protégée, il sera impossible au minimum de réaliser les objectifs de la COP21.
Or, de ce point de vue, les discours mais surtout les actions du nouveau pouvoir brésilien sont très clairs: la forêt amazonienne ne sert à rien donc il faut l’exploiter à son maximum pour en tirer quelques revenus.

L’accord de libre échange ne vient que conforter cette position.
Au sein même de la majorité LREM des voix s’élèvent comme celle du député Jean-Baptiste Moreau, agriculteur de profession qui, dans une interview donnée au journal Le Monde, rappelle l’état désastreux des sols brésiliens suite à l’utilisation massive de pesticides et surtout la quasi impossibilité pour la plupart des pays sud américains d’obtenir une traçabilité satisfaisante des produits agricoles qui grâce à ce nouvel accord commercial auront à présent portes ouvertes en Europe. Rappelons quand même toutes les conditions en la matière que l’Europe impose à ses propres agriculteurs alors que les produits demain importés, vont s’en trouver, eux, de facto exemptés…

Nous avions gardé en mémoire de nos cours d’économie à la fac, qu’une concurrence saine et équilibrée voulait que tous les acteurs soient soumis aux mêmes règles et subissent les mêmes contraintes. Malgré les beaux discours, le libéralisme économique ne semble être l’affaire ni de l’Europe, pas même de Macron…

Au-delà d’encourager un écocide en n’imposant aucune condition stricte dans les pays sud américains et plus particulièrement au Brésil, Macron et l’Europe par la signature dudit traité, encouragent Bolsonaro dans son attaque systématique et violente à l’encontre des peuples indigènes d’Amazonie.

Même Nicolas Hulot qui pourtant lors de son passage dans ce gouvernement n’a pas démontré une vocation affirmée à défendre l’environnement, s’en étonne dans une interview donnée au journal Le Monde, rappelant que cette ouverture des vannes commerciales entre les deux continents, va avoir pour conséquence l’expropriation des peuples indigènes de leurs terres, et conforter Bolsonaro dans sa remise en cause des droits desdits peuples aujourd’hui garantis par la constitution.

Nous ne voyons pas très bien ce qui pourrait être de nature à stopper l’entreprise funeste du président brésilien quand on constate depuis plusieurs mois, après avoir donné carte blanche aux forces de police dès son arrivée au pouvoir, qu’aujourd’hui dans l’Etat de Rio le nombre de morts du fait de l’action policière progresse plus vite que celui imputé aux organisations criminelles elles-mêmes ! La signature de cet accord commercial est donc à plus d’un titre en l’état actuel une erreur fondamentale aux conséquences tout aussi rapides: elle va lourdement pénaliser les agriculteurs européens dont on connaît tous déjà les grandes difficultés, elle va accentuer l’état désastreux de l’environnement brésilien et encourager les autorités locales à poursuivre leur politique de criminalisation des peuples indigènes et des défenseurs locaux de l’environnement qui paient déjà un lourd tribu; les grands propriétaires terriens estiment avec Bolsonaro, bénéficier, eux, d’une totale impunité pour faire taire par tout moyen les contestations.

Sur d’autres sujets, comme la crise des réfugiés et les ventes d’armes, l’Europe ne sort pas grandie de la signature d’un tel accord et une fois de plus porte atteinte à ses principes fondateurs.
Concernant Macron, il n’est plus temps de dire qu’il a une position ambiguë sur certains sujets. Sur celui-ci comme sur d’autres, seuls de potentiels gains économiques prévalent sur toutes autres considérations, de préférence aux bénéfices d’intérêts qui lui sont proches quitte même, comme le sujet qui nous occupe le démontre, à bafouer des principes essentiels du modèle économique qu’il prétend défendre. De l’imposture.
Suite à l’accostage du Sea-watch3 à Lampedusa, nous apprenons que la France dans sa grande bonté qui la caractérise, accueillera dix réfugiés. Suite aux déclarations d’autorités iraniennes nous apprenons que pour préserver ses ventes d’armes aux pays du Golfe, la France fait le jeu de Trump et joue contre cet accord sur le nucléaire que l’Iran respecte à la lettre depuis l’origine et qui permet même s’il n’est pas parfait, d’assurer une sécurité certaine dans la région . Enfin, suite à la signature de cet accord Mercosur, la France fait le choix de jouer contre ses propres agriculteurs et d’encourager Bolsonaro dans son entreprise de destruction.

Tout ceci sont des décisions de Macron et de son gouvernement, engageant la France sans doute sur certains points de façon irréversible, dans des entreprises destructrices dont on peut penser qu’une majorité de la population n’y souscrit pas. En même temps, depuis quand Macron commence-t-il à se soucier de ce que peut penser le peuple français ? Une large démonstration est faite en matière de politique intérieure…De la posture. Alors à quoi sert-il ? 

MM.

Biodiversité – Climat: détruire la planète c’est leur choix !!

Biodiversité – Climat: détruire la planète c’est leur choix!! Et nous? Nous en faisons et ferons les frais!

Se réunissent à Paris cette semaine les délégués de 132 pays et les experts de l’IPBES (Plateforme Intergouvernementale Scientifique et Politique sur la Biodiversité et les Services Ecosystémiques) pour alerter sur la disparition accélérée du vivant.

🔴 Pour les sceptiques, la 6ème extinction de masse des espèces est bel et bien en cours! Le journal le Monde s’en fait l’écho dans un article du 29 avril sous le titre: «Alerte rouge sur la perte mondiale de biodiversité»

🔴 Hasard du calendrier, ce même jour toujours dans le journal Le Monde, un article « Au Brésil, la mise en place d’une politique de destruction de l’environnement », est consacré à Ricardo Salles, Ministre des « entreprises minières » du Président d’extrême droite Jair Bolsonaro. Question sémantique, nous aurions préféré entendre parler…un ministre de l’environnement ! Le titre a changé, et pour cause…

On doit reconnaître à cet homme -Ricardo Salles-, franchise et franc parlé, n’hésitant pas à décrire son travail comme consistant davantage à «défaire» qu’à «faire».

Nous touchons ici à l’environnement; et bien que ce soit l’environnement, reconnaissons que certaines des motivations avancées ne nous surprennent pas vraiment puisque l’on tient en France ce même type de discours sur d’autres sujets: il y aurait « trop d’obligations » qui auraient été érigées par un «appareil idéologique et bureaucratique» qui «freinerait le développement économique du pays»! On vous parlerait de la réforme du code du travail sous Macron, on emploierait quasi les mêmes mots!

Dans le monde de Bolzonaro on va même un peu plus loin, n’hésitant pas à qualifier la lutte contre le réchauffement climatique de «marxisme culturel» et tant qu’on y est, de remplacer les scientifiques au sein de l’Institut Chico Mendes chargée de veiller sur la biodiversité amazonienne par…d’anciens policiers militaires de Saõ Paulo tout ceci pour des raisons «d’ordre et d’efficacité» !

Continuant son travail de sape, le Ministre des entreprises minières brésilien a licencié 21 des 28 directeurs régionaux de l’IBAMA (organisation chargée de sanctionner les crimes environnementaux), puisque de toute façon il a été décidé de mettre fin à «l’industrie des amendes» pour ce type de crime!

Bien évidemment, les organisations locales et internationales qui luttent pour la protection de l’environnement crient au crime, des fonctionnaires brésiliens déclarant même sous couvert d’anonymat que la situation est «gravissime » et que «Ricardo Salles, ne fait que détruire, démantèle tout, afin que plus personne ne puisse s’opposer à la déforestation».

Outre l’environnement, les premières victimes de cette «politique» de destruction sont les peuples indigènes, le gouvernement Bolzonaro voulant remettre en cause les terres protégées qui leur ont été octroyées sous la présidence Lula.

A leur tour, scientifiques et indigènes viennent alerter l’Union Européenne partenaire commercial stratégique du Brésil, pour qu’elle ne soit pas   «Complice des crimes commis au nom de la production agricole». Ils appellent l’UE à conditionner l’importation de produits brésiliens au respect d’engagements environnementaux.

« Plus de 600 scientifiques européens et 300 organisations autochtones appellent l’UE à appuyer Bolsonaro pour prévenir la déforestation au Brésil  »

A cette heure-ci, il ne semble pas y avoir de réponse. Mais vu la manière et les conditions de négociations d’autres accords commerciaux (exemple CETA), nous pouvons penser qu’une fois de plus les enjeux économiques prendront le pas sur ceux environnementaux.

En matière environnementale, il existe aujourd’hui un consensus clair sur les causes jouées par le système productiviste.

Avec le cas brésilien il semble que nous franchissons une nouvelle étape où l’environnement n’a plus à subir les conséquences d’une organisation économique mais devient délibérément et consciemment la victime de choix politiques totalement assumés !

Enfin, Bolsorano ne semble malheureusement pas être le seul…Trump aussi est dans la partie…

« À l’aube d’une profonde ignorance, d’une cupidité abjecte et d’une idéologie extrémiste radicale, nous trouvons ceci: L’administration Trump a poussé à dépouiller la mention du changement climatique de l’énoncé de politique de l’Arctique »

Quand on ne veut pas reconnaître les vérités scientifiques, soit on use et impose des sémantiques, soit comme pour les affaires des lanceurs, le silence est aussi une méthode tout autant assassine pour enterrer le sujet!

MM.

Arielle, en « zone de léchage de doigt » pour le climat

Après Ariel la lessive qui lutte contre les tâches, voici Arielle (Dombasle) la scénariste qui lutte pour le climat. Les tâches, elles, on se les garde tant elles sont incrustées.

Rien de tel que de partir en Espagne, en avion pour la réalisation d’une courte vidéo. Le bilan carbone s’en souviendra.

Elle a tenté un clip de lutte contre le réchauffement climatique, et il faut l’avouer, à son visionnage, nous sommes restés un peu cois…A moins que ce ne soit une simple vidéo d’auto-promotion.

Arielle nous présente son œuvre ainsi :

« Looking for Europe… Start saving your greens ! Save our climate ! Save the beauty of our planet ! Finger licking zone !! »

Arielle Dombasle, le 26/03/2019

Nous avons tenté la traduction :
« À la recherche de l’Europe … Commencez à sauver votre verdure! Sauvez notre climat! Sauvez la beauté de notre planète! Zone de léchage de doigts !! ».

« Zone de léchage de doigt »: à ce moment bien précis, on se demande – après l’avion, la voiture – à quoi roule Arielle… Les drogues aussi, font des ravages!

Passons…

Vous l’avez compris. Les tâches, l’environnement va se les garder ! Et nous aussi !

Entre l’avion, les néons, la voiture et l’éléphant carton-pâte… on se demande si Arielle, ça n’est pas plus nocif qu’Ariel!

MM.

Pour tout l’or du monde

Été 2018. La Finlande, en ses régions proches du cercle polaire, connaît une période de sécheresse et des incendies ravageurs. Sur la plage carioca de Copacabana, il fait aujourd’hui 34 degrés… sauf que c’est l’hiver au Brésil. Le gouvernement brésilien, où la corruption s’est instaurée nouveau mode de gestion, alors que ce pays recense sur son sol l’essentiel du poumon forestier de la planète, a promulgué il y a quelques mois un décret autorisant la poursuite et l’extension de la déforestation de l’Amazonie.
Vous nous direz, ces brésiliens sont des sauvages ! Au pays de l’accord de Paris sur le climat, on a une autre vision des choses, on est suffisamment intelligents pour se sentir concernés.

Alors traversons l’atlantique et allons jeter un coup d’œil en l’une de ces régions reculées de la République, la Guyane. Ça tombe bien, la Guyane française c’est aussi l’Amazonie. Nul doute que le professeur Hulot et l’ami de monsieur Benalla toujours prompt à nous sortir de beaux discours sur la protection de la planète, ont à cœur de s’inscrire dans une action acharnée de la défense de notre environnement.

Parfois Wikipédia peut être utile pour factualiser les choses : «La Montagne d’Or (ou mine de la Montagne d’Or) est un projet d’exploitation minière d’une concession aurifère de l’Ouest de la Guyane française porté par la Compagnie Minière Montagne d’Or, une coentreprise de la société junior canadienne Columbus Gold, chargée de l’exploration, et de la société russe Nord Gold, chargée de l’extraction».
«Les concessions minières liées à l’exploitation de la « Montagne d’Or » se situent sur la commune de Saint-Laurent-du-Maroni, dans le département d’outre-mer français de Guyane. Elles se trouvent au sud de la ville de Saint-Laurent-du-Maroni à laquelle elles sont reliées par une route forestière de 120 km, passant par la Croisée d’Apatou. Elles sont situées à 180 km à l’ouest de Cayenne à vol d’oiseau[1]. Elles se trouvent en partie au sein d’une réserve biologique dirigée, entre les deux parties de la réserve biologique intégrale de Lucifer Dékou Dékou, avec au sud le massif de Dékou-Dékou, et au nord celui de Lucifer, zones où l’activité minière est interdite».

C’est un secret de polichinelle que ce projet a été de tout temps soutenu avec force par le ministre, puis le candidat, puis le président Macron.
Un projet pharaonique: la plus grande mine d’or primaire – présent dans la roche – jamais proposée en France.
Si elle recevait le feu vert de l’État, Montagne d’or, ressemblerait à une série de pyramides inversées, une fosse équivalente à 32 Stades de France creusée au cœur de la forêt guyanaise et produisant 6,7 tonnes d’or par an sur douze ans, à partir de 2022.
Emmanuel Macron a en effet soutenu le projet quand il était ministre de l’Économie. Il l’a encore défendu lors de sa visite en Guyane en octobre dernier, tout en appelant les Guyanais à participer au débat public sur le sujet et en promettant que «les décisions ne seront prises qu’à l’issue de celui-ci».

Reprenant un communiqué de l’organisation WWF France, le site Reporterre (ici) nous tient au courant de l’avancée de la consultation : «A quelques jours de la fin du débat public sur Montagne d’Or, qui a mis en évidence les failles du projet et l’absence de retombées pour la Guyane, le WWF France révèle les résultats sans appel d’un sondage IFOP sur l’opinion des Guyanais. Ils sont 69 % à se déclarer opposés au projet.
Depuis quatre mois, la compagnie Montagne d’Or tente de défendre son projet auprès de la population mais les risques environnementaux et l’absence de retombées positives pour le territoire ont renforcé l’opposition au projet. 72 % des Guyanais déclarent ne pas avoir été convaincus par la compagnie Montagne d’Or pendant le débat (ils sont 81 % dans l’arrondissement de Saint-Laurent)
».

Sur le plan environnemental d’abord, 81 % des Guyanais considèrent que ce projet fait peser un risque important pour l’environnement. Ils semblent avoir raison puisque la Montagne d’Or conduirait à la déforestation de 1.513 hectares dont 575 de forêts primaires, à une augmentation de près de 20 % de la consommation d’électricité de la Guyane (par rapport à la consommation de 2016) et à la destruction d’une zone abritant plus de 2.000 espèces dont 127 protégées. Par ailleurs, Montagne d’Or ferait peser de nombreux risques sur le territoire et ses habitants (rupture de digue, drainage minier acide, transport de matières dangereuses etc.). Sur le plan socioéconomique, les Guyanais interrogés ne sont pas davantage convaincus puisqu’ils sont 67 % à considérer que ce projet ne permettra pas le développement durable de la Guyane (76 % dans l’arrondissement de Saint-Laurent-du-Maroni). Les participants au débat ont d’ailleurs dénoncé à de nombreuses reprises la faiblesse des retombées à long terme pour le territoire.
Sur les 12 ans de durée de vie du projet, la collectivité de Guyane pourrait recevoir 56 millions d’euros de Montagne d’Or, soit moins de 5 millions par an ou l’équivalent de 0,6 % de son budget 2017.
En ces temps de «pognon de dingue», il n’est pas inutile de rappeler que ce projet «engloutirait au moins 420 millions d’euros publics, soit un coût aberrant de 560 000 euros de subventions pour chacun des 750 emplois annoncés. Des sommes qui ne bénéficieront pas aux filières durables», déplore le WWF. Selon l’ONG, le tourisme permettrait à lui seul de créer «six fois plus d’emplois directs avec quatre fois moins de subventions».

Nous avons là un parfait exemple de projet inutile : imposé par des financiers et des technocrates, ne prenant nullement en compte l’avis des populations autochtones, se désintéressant des impacts écologiques immédiats et induits, conduisant à une captation d’argent public qui pourrait être mieux utilisé, et au final des retombées très limitées pour l’économie locale. Nous avons également ici la confirmation que ce type de grand projet ne peut exister sans l’appui de politiques de premier plan, dont l’intérêt éventuellement direct nous sera peut être un jour expliqué. Et puis, il ne fallait en fait pas chercher bien loin la finalité de cette opération, tout est dans son nom: «une montagne d’or», au propre et au figuré !

La Guyane est francophone mais également anglophone. Allons jeter un coup d’œil à ce qui se passe dans la République coopérative de Guyana. Là aussi, un petit détour par Wikipédia: Le Guyana (en forme longue la République coopérative du Guyana), est le seul État du Commonwealth situé en Amérique du Sud. De plus il s’agit également du seul État d’Amérique du Sud où la langue officielle est l’anglais. Localisé au nord de l’équateur mais dans les tropiques, il dispose de côtes sur l’océan Atlantique. C’est le troisième plus petit pays de l’Amérique du Sud et il fait partie des plus pauvres.
Guyana signifie «terre d’eaux abondantes» dans la langue arawak. Le pays est caractérisé par ses vastes forêts tropicales disséquées par les nombreux fleuves, criques et chutes d’eau, notamment les chutes de Kaieteur sur le fleuve Potaro. La capitale du Guyana, Georgetown, est située sur la côte atlantique et compte environ 245 000 habitants.

Qui dit pays pauvre, dit pas pauvre pour tout le monde. Dans un article du 20 Juillet 2018 «The $20 Billion Question for Guyana» (ici), le New York Times, fait son actualité sur ce pays généralement oublié de l’actualité internationale.
«In the last three years, ExxonMobil has drilled eight gushing discovery wells offshore. With the potential to generate nearly $20 billion in oil revenue annually by the end of the next decade, roughly equivalent to the revenues of the much-larger Colombia, there could be enough bounty to lift the lives of almost every Guyanese».

On vous fera faire l’économie de la communication officielle d’ExxonMobil sur son projet, très similaire à celle des animateurs de la «Montagne d’Or» : mais pourquoi n’y avons-nous pas pensé plus tôt ?! Quelques plate-formes de forage en mer et le bonheur pour tout un peuple ! Pas de destruction de l’environnement, pas de risques industriels, pas d’impacts pour l’environnement, et une «montagne de pognon de dingue» qui va s’abattre sur l’économie locale. Bon enfin, ça c’est de la communication.

Le New York Times qui a mené l’enquête n’est pas aussi enthousiaste : «But with exploration out of sight 120 miles offshore, and no refinery planned, the economic benefits for the population have been limited so far, making some cynical. Only about 600 Guyanese have found direct employment on the drill rigs, shore bases and offices, and that number may increase only to about 1,000, oil executives say».
Surtout que les guyanais ont déjà fait l’expérience de ce type de projet. Il y a quelques années, les chinois étaient venus investir en masse, notamment dans une importante fabrique de transformation du sucre: résultat des courses, une ardoise de 181 millions de dollars pour le peuple guyanais!

Nous le voyons bien, derrière ces questions d’exploitations industrielles, se cachent des relations de pouvoir entre des élites financières délocalisées, cooptées par les puissances publiques complices, et des populations locales sans réels moyens d’action.
Les questions environnementales, engagements Cop21 très vite oubliés, ne pèsent pas lourds, comme la réalité économique des fonds publics investis et des retombées financières locales.
Une fois de plus, se sont l’omnipotence du Prince et des intérêts qu’il représente, et la dilution du pouvoir local et donc des citoyens qui sont en jeu.

Comme il est « Or de Question » (ici) qu’on se taise, et qu’« Il est l’or mon Seignor, l’or de se réveiller ! » pour paraphraser « la folie des grandeurs », signons ici, contre ce projet.

MM.

« Les vacances de Monsieur Hulot »

Les vacances de Monsieur Hulot

«Les vacances de Monsieur Hulot», film de Jacques Tati de 1953.Monsieur Hulot est un personnage échappé du cinéma muet dans le monde du parlant. Il se heurte à la technologie, à un monde impersonnel et gadgétisé. Jacques Tati s’est servi de ses capacités de mime pour le confronter aux dérèglements, aux rites et au ridicule d’un monde en mutation. Il s’est inspiré pour la création de son personnage, de son voisin architecte, le grand-père de Nicolas Hulot.Ça tombe bien car c’est justement de Nicolas Hulot dont on voulait parler, ou plutôt «Les vacances du ministre Hulot», ministre de la transition écologique et solidaire.La suite ici : http://meta-m.org/index.php/2018/06/09/les-vacances-de-monsieur-hulot/

Publiée par MetaMorphosis sur samedi 9 juin 2018

«Les vacances de Monsieur Hulot», film de Jacques Tati de 1953.
Monsieur Hulot est un personnage échappé du cinéma muet dans le monde du parlant. Il se heurte à la technologie, à un monde impersonnel et gadgétisé. Jacques Tati s’est servi de ses capacités de mime pour le confronter aux dérèglements, aux rites et au ridicule d’un monde en mutation. Il s’est inspiré pour la création de son personnage, de son voisin architecte, le grand-père de Nicolas Hulot.

Ça tombe bien car c’est justement de Nicolas Hulot dont on voulait parler, ou plutôt «Les vacances du ministre Hulot», ministre de la transition écologique et solidaire.
Si l’on demande à Woerth -pour diriger la commission des finances de l’assemblée- d’être juste un bon président, pas nécessairement intègre, il n’y a pas de raison que l’on exige de monsieur Hulot d’être un écologiste à la tête de son ministère. D’ailleurs, n’a-t-il jamais été écologiste ?
En fait, on n’en sait pas grand-chose. Bon businessman c’est sûr, parvenant à se faire rémunérer par les plus grands pollueurs de la planète, réalisateur d’émissions télé à succès même si on apprécierait bien voir l’envers du décor comme pour Cousteau -et l’on risquerait d’avoir quelques surprises- bon ministre aussi car apprécié de ses patrons, mais il faut dire qu’il se donne du mal à leur ressembler. Il nous a tout de même gratifié récemment d’un grand classique de la politique politicienne dont il se vante être si éloigné; sur France-Inter, à la question d’un journaliste lui demandant si la non-inscription de la sortie du glyphosate dans la loi alimentation n’était pas un recul, un rendez-vous raté, il a répondu qu’il s’agissait selon lui d’un rendez-vous «incomplet». Décidément, on a beaucoup de mal à comprendre sur quelle planète vivent ces gens, étymologiquement un rendez-vous (qui est la rencontre entre deux ou plusieurs personnes à un endroit et un moment défini d’avance) a lieu ou n’a pas lieu. Hulot était seul à la rencontre et comme s’étant parlé à lui-même, très certainement a-t-il cru que le rendez-vous avait eu lieu ?!
Et dans tout ça, Hulot est-il écologiste ? Ça aurait pu être une question…

Comme Monsieur Hulot (celui des films), cherchons quelques indices dans l’actualité. Tout d’abord dans Libération du 09 Juin 2018, un article assez complet sur l’huile de palme sous l’intitulé «Biocarburant : Total jette de l’huile de palme sur le feu», ici.
Mercredi dernier, grâce au feu vert du ministre Hulot, la préfecture des Bouches-du-Rhône a autorisé le groupe Total à exploiter une bioraffinerie sur son site de la Mède, près de l’étang de Berre. Dès cet été, Total importera au moins 300.000 tonnes d’huile de palme par an, ce qui représente une augmentation des importations françaises de ce produit de 36%.
En juillet 2017, en présentant son plan climat, Nicolas Hulot proposait de «fermer la fenêtre d’opportunité qui permet d’incorporer de l’huile de palme dans les carburants». Mais dès sa nomination, le ministre a vite choisi de faire machine arrière. L’huile de palme a beaucoup de qualités : elle est facile à cultiver, et donc peu coûteuse; c’est un produit très stable, qui résiste à la chaleur et à l’oxydation; elle est facile à «travailler» dans un processus industriel.
Mais comme nous le savons tous, c’est une horreur. D’une part pour la santé des consommateurs (forts taux d’acides gras saturés…) mais aussi pour l’environnement.
Pour l’extraire, on se livre en Indonésie et en Malaisie (90% de la production) à une déforestation monstrueuse, afin de planter des palmiers à huile. Or, qui dit déforestation dit massacre des derniers orang-outans et des gibbons, destruction de la biodiversité, brûlis extrêmement polluants, expropriations de villages… Mais aussi aggravation du réchauffement climatique. Car, comme le rappelait Hulot avant qu’il ne soit ministre, «la déforestation est responsable de 10% des émissions de gaz à effet de serre mondiales».
Selon une étude commandée en 2016 par la Commission européenne, l’huile de palme est trois fois plus néfaste, en terme d’effets de serre, que les énergies fossiles.
La décision de Hulot est a priori incompréhensible. Elle est contraire aux intérêts des producteurs français de colza. Elle est contraire aux intérêts de la planète – et il n’y a pas et n’y aura de «planète B», pour paraphraser Macron qui jure avoir fait de la lutte contre le réchauffement climatique sa priorité. Elle est contraire à l’avis du Parlement européen qui, en janvier 2018, a voté la suppression de l’utilisation d’huile de palme dans les carburants d’ici 2021.
Pourquoi alors cette décision de Hulot ? Deux explications. D’une part un lobbying efficace de Total qui cherche à sauver son site de la Mède. D’autre part, une explication, plus cynique encore : la France vend des armes et des avions vers l’Indonésie et la Malaisie, et ces pays menacent de ne plus acheter ces engins si Paris nuisait à leurs exportations. On en revient à un grand classique français : « si c’est bon pour l’emploi ! »

Moralité : Macron, malgré les beaux discours, n’a que faire du climat et fait de la politique (avec de vieux arguments) ce qui est cohérent avec sa vision productiviste de l’économie et Hulot n’est pas sérieusement écologiste et qui plus est, est devenu au regard de sa capacité à se renier, un excellent politicien.

Autre indice. L’Observateur revient le 08 Juin sur la crise de l’apiculture avec le témoignage d’un professionnel du secteur sous le titre «Cet apiculteur a rencontré, jeudi, Nicolas Hulot. Mais il n’a rien obtenu de concret», ici.
Partout en France, les apiculteurs se sont mobilisés à l’appel de la Confédération paysanne et d’organisations apicoles, jeudi 07 Juin, pour demander un plan de soutien pour la sauvegarde des abeilles. Le ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, est venu à leur rencontre aux Invalides à Paris. «Tous ces sujets, on les a mis sur le tapis», (des mauvaises langues diront plutôt «sous le tapis» !) a assuré Hulot à des apiculteurs inquiets, notamment sur la sortie du glyphosate, «ce qui est important c’est que ce soit irréversible, programmé, et qu’on essaie que personne ne soit dans une impasse». Le ministre leur a promis de voir ce qui est possible de faire pour les aider. Ça fait plaisir et ça ne mange pas de pain…
Après leur rassemblement sur la place des Invalides, les apiculteurs ont pris la direction du Palais de l’Élysée avec leurs cadres d’abeilles décimées. Ils voulaient réaliser une action symbolique avant d’être reçus par le ministre de l’Agriculture dans l’après-midi, mais… ils ont été interrompus dans leur marche par les forces de l’ordre.

Derrière tout cet habillage médiatique, quelle réalité, quelles décisions, quelles actions, monsieur Hulot ?
Notre apiculteur ne semble pas convaincu, nous non plus.

Au final ce n’est pas tant le ministre Hulot qui est en vacances, mais bien l’écologie.

Un petit souvenir?

MM.

« Tout le monde veut devenir milliardaire ! »

A l’heure où la chose économique est devenue pour nos politiques une foire d’empoigne où l’incontinence intellectuelle se mélange aux idéologies rances, essayons de prendre un peu de hauteur pour répondre à cette injonction macronienne « Tout le monde veut devenir milliardaire ! ».
Faut dire qu’ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère, tout y passe : de l’économie de bistrot (le budget de l’État c’est comme le budget des ménages), de la pseudo-théorie surannée (le ruissellement), de l’idéologie à toutes les sauces (le président des riches), du foutage de gueule puissance dix (les millions d’emploi que créera -pas- le Medef avec de l’argent public), de la décriminalisation généralisée de la vie des entreprises, etc… sans oublier l’irrésistible « y’a pas d’autre solution », quel triste monde !

Tout d’abord, regardons l’excellent documentaire historique diffusé par Arte sur « Les Routes de l’Esclavage » (ici).
Au-delà de la tragédie, éminemment et essentiellement humaine, que constitue l’esclavage, nous pouvons dégager trois lignes forces de l’entrée des européens sur ce «marché» à la suite de la longue période des Empires arabes. Les européens, et plus spécifiquement les portugais, industrialisent l’esclavage dans le cadre des exploitations de cannes à sucre, à partir d’un échange triangulaire (marchandises, esclaves, canne à sucre). La dimension raciale (blancs et noirs) n’émergera que tardivement aux Antilles à l’occasion d’une généralisation du processus, comme moyen de production, l’esclave n’étant qu’un outil parmi d’autres comme le révèlent les inventaires de l’époque. Rapidement cette conception purement productiviste trouve ses limites, la sur-exploitation de cette « ressource » conduisant à son épuisement rapide (espérance de vie très courte) et à son incapacité à se renouveler (taux de mortalité des enfants extrêmement élevé). Un temps, l’augmentation du nombre d’esclave permet de compenser cette détérioration des conditions de production, mais au risque de l’émergence de conditions (poids respectifs des populations blanches et noires) politiques et sociales instables. C’est ce processus, allié à une prise de conscience humaniste avec le courant des Lumières et des réformés, et à des révoltes d’esclaves, qui conduira au final à l’interdiction ou l’abolition de l’esclavage en Europe. Si l’on accepte, comme les esclavagistes, de considérer l’esclave comme une simple variable de production, nous voyons très bien que les processus à l’œuvre et leurs conséquences ne sont aujourd’hui guère différentes : sur-exploitation et épuisement des ressources, non renouvellement naturel conduisant à des risques climatiques, politiques et sociaux, transfert général des richesses entre pays (mondialisation) mais aussi au sein même des États entre classes sociales, maintient de populations (même si elles n’ont plus le statut « légal » d’esclave) en monnaie d’échange…

Le document d’Arte finit la description de l’esclavagisme européen en s’interrogeant sur la contribution de ce « mode de production » à la richesse des nations (pour reprendre le titre de l’un des livre fondateur du libéralisme économique) et à l’avantage déterminant que prend l’Europe aux XVII et XVIII siècles sur le reste du monde. Parce que c’est bien de cela dont il s’agit au final : à l’origine, il n’y a aucune notion raciale dans l’esclavagisme (de toute façon autorisé et même légitimité par le Vatican), qui n’est qu’un simple mode de production (contraint et violent faut-il le rappeler), fondateur du capitalisme et ancêtre de ceux expérimentés par la suite. Dans son livre référence, Thomas Piketty avait tenté de chiffrer le « gain » pour l’économie américaine de la généralisation de l’esclavage dans les territoires du sud, montrant une contribution importante ayant sans aucun doute largement contribué à donner aux États-Unis une avance économique sur les anciennes puissances coloniales européennes dès le XIX siècle. Il en est de même un ou deux siècles plus tôt pour les pays européens. Même si tous les historiens ne s’entendent pas sur le chiffrage précis de cette contribution de l’esclavage aux économies européennes, n’oublions pas un principe premier du capitalisme, aujourd’hui encore plus, d’actualité : les capitaux vont en priorité vers les marchés offrant les meilleurs profits. Or le taux de profit tiré de la traite au XIXe siècle, est deux fois supérieur à celui généré par d’autres types « d’investissement ». C’est ce qui explique l’orientation massive de capitaux vers le commerce triangulaire. De toute façon un commerce ne perdure pas trois siècles s’il n’assure pas une haute rentabilité.

Macron a raison. L’organisation économique dont il se fait aujourd’hui le VRP zélé permet sans doute à chacun de devenir milliardaire: encore faut-il le vouloir ! Certains de ses amis nous le montrent aujourd’hui encore : il y a beaucoup de forêts à détruire, beaucoup de fonctionnaires et politiques à corrompre, beaucoup de populations malléables… En un mot des taux de profit élevés en perspective. Question de choix…

Ensuite, portons-nous sur une étude originale publiée par l’organisation américaine Trucost sous le titre « Natural Capital at Risk » (ici, le compte rendu en français fait par E-RES). Ce travail de chercheurs tend à montrer qu’aucune grande industrie ne serait rentable si elle payait ses impacts sur l’environnement.
Lisons : « Depuis longtemps on parle du principe de « pollueur-payeur ». Le concept est simple : lorsqu’un dommage est commis sur l’environnement, c’est celui qui a causé le dommage qui doit payer pour en gérer les conséquences sur la collectivité.
Régulièrement, on applique ce principe lorsque par exemple une entreprise est responsable d’une catastrophe écologique comme une marée noire : l’entreprise peut alors avoir à payer une amende aux collectivités qui ont été affectées. Mais que se passerait-il si on décidait d’appliquer totalement ce principe ? Si chaque entreprise devait gérer les externalités négatives de son activité sur la planète ? ».
« À l’heure actuelle le principe pollueur payeur n’est en effet appliqué que très partiellement. En fait, la plupart des pollutions causées par les entreprises (ou les autres acteurs) ne sont jamais ni mesurées, ni évaluées, et encore moins facturées. C’est ce que l’on appelle « les externalités environnementales » : l’activité de l’entreprise a une conséquence indirecte sur l’environnement, qui affecte la société. Pourtant, ce n’est pas l’entreprise qui finance le coût de cette externalité, mais bien la société, c’est à dire les citoyens.
Sur le principe, il semblerait plus logique que ce soit l’entreprise qui finance ce dont elle est responsable. Et c’est théoriquement possible, si on arrive à comptabiliser la valeur de ces externalités. Et c’est justement là tout l’enjeu : comment évaluer la valeur et le coût de réalités aussi diverses que la biodiversité, une forêt, ou une tonne de CO2 ?
C’est ce que se sont attachés à faire les chercheurs à l’origine de l’étude. Avec une méthodologie complexe et détaillée, ils sont parvenus à évaluer la valeur des externalités liées à l’activité économiques des grands secteurs industriels mondiaux. Et leurs résultats sont très inquiétants
».

Nous vous laissons découvrir dans l’étude détaillée, les résultats .
Au final, aucun grand secteur économique parmi les 100 plus rentables de la planète, ne serait bénéficiaire s’il devait réellement financer ses coûts pour la planète.

Il est facile de faire fortune sur les dos des autres. Nous sommes d’accord avec Macron : tout le monde peut devenir milliardaire. Nous pouvons tous être le propriétaire d’un groupe intégré qui détruit l’environnement local, corrompt les politiques pour obtenir des marchés, exploite la main d’œuvre… Nous pouvons tous être la figure emblématique d’un réseau social mondial après avoir pris soin d’éjecter nos co-créateurs ; nous pouvons tous être le leader mondial de la micro-informatique quand nous sommes en situation de quasi-monopole et que nous avons pris soin d’éradiquer toute concurrence… Les exemples ne manquent pas, nous pourrions aussi parler de tous ces milliardaires qui le sont devenus en ne payant pas ou peu d’impôts !!

Macron, toujours lui, a fait récemment un peu de service après vente dans Forbes. Le politique doit se soumettre aux affaires. La morale aussi, et tout le monde sera milliardaire. (ici)
Tant pis pour les autres; sauf que l’économie ce n’est pas que des chiffres, des taux de profit, mais aussi des choix, des choix de vie, des choix éthiques. Laissons leurs milliards aux esclavagistes et autres pollueurs.

Il suffirait qu’un jour, des chercheurs s’attaquent à l’étude de l’origine des «richesses des milliardaires». Comment se sont-elles constituées ? Si nous externalisions les impacts sur l’environnement, les situations de monopoles, les actes de corruption, des prévarications diverses, les « optimisations » en tout genre… que resterait-il de ces fortunes ?

MM.

Aux petits hommes, l’Humanité pas reconnaissante !!!

Victor Hugo prenait plaisir à affubler Napoléon III du sobriquet de Napoléon le Petit.
Une façon de dire qu’il n’est pas toujours aisé de se glisser dans un costume trop grand pour soi. Les discours, formules toutes faites et actes politiques marqués du sceau de siècles anciens et révolus du Petit Président nous font penser que les enjeux et la complexité du monde nouveau sont trop grands pour lui.
Il y a comme une résonance de l’histoire que devant l’incompréhension d’un monde complexe et pluriel, le retour aux schémas de pensée anciens est la seule façon que le faible et le peureux sait donner à son action. S’il ne comprend pas -et ne cherche pas à comprendre- ce que sera fait demain, mieux vaut alors retourner aux recettes d’hier qui, même si elles n’ont pas fonctionné, ont le mérite d’avoir été déjà expérimentées.

Un seul exemple pourrait suffire : de quoi sera fait le travail demain avec sa mécanisation à outrance et l’émergence de l’intelligence artificielle? Faut-il réétudier et réévaluer la notion même de travail, économiquement parlant mais surtout d’un point de vue anthropologique et sociologique? Faut-il revoir notre conception de la valeur ajoutée en ne la limitant plus au seul travail humain? Autant de questions et bien d’autres auxquelles il ne sera pas répondu. Pour le Petit Président et ses congénères, pour lesquels la seule loi est de «ne pas respecter les règles», faisant d’eux et de l’État comme le soulignait très bien Pier Paolo Pasolini, de purs anarchistes, la réponse est de revenir à une notion du travail avant l’institutionnalisation du salariat.
L’Histoire avance par sauts de géants dans le passé.

Mais ne soyons pas médisants et positivons… Nicolas Sarkozy (encore un «petit» Président) avait réglé la crise financière de 2008 en quelques semaines. Mieux encore, on s’en souvient tous, il avait mis fin aux paradis fiscaux en deux coups de cuillère à pot.
Quand on entend aujourd’hui le Commissaire européen Moscovici se glorifier d’avoir purgé l’Europe de ses paradis fiscaux, nous avons envie de crier au plagiat !

Le plus grand défi contemporain est sans aucun doute le réchauffement climatique et toutes ses conséquences sur la flore, la faune, les sols, l’eau, les déplacements de populations… Ces dernières semaines nous ont encore apportés des confirmations de l’urgence en la matière, n’en déplaise à Trump, mais à sa décharge, il ne peut pas jouer au golf et s’occuper de la planète; de toute façon il n’a toujours pas compris la différence entre climat et météo.
Ainsi une centaine de chercheurs bénévoles de 45 pays ont publié le 23 Mars une étude montrant une disparition progressive et rapide des terres cultivables, donc à terme des ressources alimentaires. Le 13 Mars une autre étude mettait en évidence que près de la moitié des espèces animales était menacée à court terme. Une autre encore -et l’on pourrait malheureusement multiplier les exemples- de la Banque Mondiale, insiste sur l’accroissement des populations déplacées et l’augmentation inquiétante du processus.

Face à ces enjeux, que fait donc la France ? C’est vrai, le grand Chef auto-proclamé de l’écologie, Nicolas Hulot, réfléchit à réintroduire deux ourses dans les Pyrénées. Il doit bien avoir peur le réchauffement climatique !! En fait non, il doit bien rire car le même Hulot, «en même temps», autorise la construction de milliers de kilomètres d’autoroutes. Nous, à la place des ourses, nous dirions « merci mais sans nous… ».
Petit Président n’est pas en reste et c’est Médiapart sous la plume de Jade Lingaard qui nous conte cette magnifique fable. On se souvient du coup marketing (le climat est avant tout une affaire de communication) après l’annonce de Trump à la sortie de l’accord de Paris «Make Our Planet Great Again».

Cette fois-ci nous avons droit à un film «promotionnel».
Médiapart nous raconte :
«Un esprit frappeur a-t-il détourné le compte YouTube de la présidence de la République ? Depuis le 24 mars, jour de passage à l’heure d’été, une vidéo nous fait entendre la voix d’Emmanuel Macron.
Il parle en anglais, avec son accent légèrement nasillard et explique que «nous perdons notre bataille contre le changement climatique mais aussi contre l’effondrement de la biodiversité». Cette phrase, il l’a déjà prononcée lors du One planet summit, le sommet du business sur le climat qu’il a organisé à Paris en décembre. «Si vous ne voulez pas vous réveiller un matin et qu’il soit trop tard, montrez que vous vous sentez concernés. Que vous êtes prêts à rejoindre le combat pour la nature», poursuit-il, prenant son élan oratoire avant de livrer le cœur de son message : «Éteignez toutes vos lumières. Je suis en train de le faire ici, au palais de l’Élysée.»
De fait, au même moment, défilent des images de l’intérieur de l’Élysée plongeant dans l’obscurité. À la fin du plan, même le bâtiment présidentiel devient invisible.
Éteignez vos lumières ? «Cette action est importante», poursuit la voix. Certes nous devons totalement changer notre manière de consommer, produire, et de nous comporter. Mais «des millions de personnes sont déjà unies dans le monde. Connectez-vous à la terre».

Fallait y penser ! «Éteignez vos lumières»

Et Jade Lingaard de poursuivre : « Demander à chacun d’éteindre ses lumières, c’est la négation de trente ans de politiques environnementales. C’est exactement le contraire de ce qu’il faut faire pour réduire massivement les émissions de CO2 : une politique systémique, de long terme, et de fond. Pire, c’est la caricature du discours écologiste sur le petit geste citoyen que des milliers de militants, chercheurs, acteurs des politiques publiques et chefs d’entreprises combattent depuis des années ».

Un peu d’audace, une vision, des actions à long terme, des engagements suivis et tenus…c’est sans doute trop pour notre couple d’apprentis écologistes. Comme pour l’emploi, les gens qui ne veulent pas comprendre l’avenir, regardent vers le passé et nous resservent de vieilles comptines qui datent des années 70 et du premier choc pétrolier.
«Alors Mister President : atterrissez, rallumez vos lumières et faites-nous un vrai plan d’action pour le climat, avec plein d’indemnités kilométriques vélo et des logements à très basse consommation dedans. Please».

MM.

En référence à l’article de Médiapart, du 27 Mars 2018 : «Syndrome de l’interrupteur à l’Élysée Palace» (ici).