Carte blanche à Philippe Pascal, lanceur d’alerte ex inspecteur de l’URSSAF

Semaine importante mais aussi difficile. Plus de 10 ans après le contrôle et la perquisition d’un hôtel restaurant, plusieurs audiences au tribunal et des années de galère, je serai confronté à ceux qui ont changé ma vie : un homme politique employeur et l’URSSAF qui était mon employeur mais qui ne m’a pas soutenu.

Après deux années de pause, le combat reprend. Je raconte cette étrange période dans un livre « J’accuse l’URSSAF » qui sortira dans quelques semaines.

Merci à tous ceux qui m’ont soutenu et surtout à ceux de mes amis (ceux qui restent car j’en ai perdu pas mal !) qui m’ont maintenu leur amitié et leur confiance malgré les rumeurs et le dénigrement permanent subi pendant de longs mois.

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Si j’écris ces quelques lignes, ce n’est pas pour m’épancher mais parce que beaucoup de soutiens m’ont demandé le compte rendu de cette audience matinale. Et là je suis nerveusement et mentalement un peu fatigué, prêt à m’effondrer. Donc je fais une synthèse générale de l’audience.

Ce matin a été très difficile pour moi. J’ai déposé plainte pour dénonciation calomnieuse et plainte abusive. Le magistrat Marchal m’avait poursuivi pour recel d’un enregistrement privé alors que j’avais remis cet enregistrement qui relatait un entretien de licenciement entre un salarié et son employeur. Il démontrait le recours au travail illégal. Ne pas transmettre cette cassette aurait été une faute professionnelle et d’ailleurs le magistrat Villardo avec lequel j’avais instruit le dossier m’avait demandé de lui transmettre ; ma directrice avait signé cette transmission par article 40 du CPP.

Bref il s’agissait clairement, de la part de M. Mariani et Morice, d’une plainte bâillon destinée à me faire taire (ils me connaissaient mal…..) puisque je n’avais fait que mon travail.

Ce matin j’ai vraiment eu l’impression d’être l’accusé.

Maître Morice et son assistant zélé m’ont assailli de questions qui n’avaient rien à voir avec l’objet de la plainte, créant un habile écran de fumée. Heureusement le président a à plusieurs reprises rappelé à M. Morice que je n’étais pas l’accusé et qu’il fallait revenir à l’objet de la plainte.

Il y a tellement de détails que je ne peux tous les évoquer ici mais sachez que j’ai eu réponse à tout.

Les accusations sans preuve, la calomnie, les rumeurs nauséabondes, j’ai eu droit à tout pour me déstabiliser mais j’ai réussi à tenir le coup.

Le seul moment où j’ai failli me lever de ma chaise pour sauter à la gorge du ténor du barreau parisien c’est quand il a évoqué ma sœur. Mon avocate m’a pris par le bras pour me faire rasseoir. En effet, pour mémoire, ma sœur Annie qui était rédactrice en chef de l’hebdo le comtadin un jour m’a demandé de lui donner des infos sur le dossier Mariani, je lui ai dit, « si tu en veux téléphone au Proc, moi je ne peux rien dire« … ce qu’elle a fait. Et le magistrat lui a fait des révélations lui laissant entendre une prochaine garde à vue. Aussi a-t-elle titré, interrogativement « M. Mariani en G.A.V ? » . Lorsqu’il a su que la journaliste était la sœur de l’inspecteur de l’URSSAF bien sûr il y a eu déchaînement de la part du notable. Et comme il connaissait bien le directeur de cet hebdo, M. Riccobono, Annie a été licenciée. S’en est suivi un burn-out et des tumeurs successives jusqu’à sa mort le 28 février 2018.

Malgré les menaces et procès incessants je suis toujours vivant mais ma sœur a payé de sa vie la puissance d’un homme politique. Alors, que cet avocat évoque cet article et ma sœur m’a donné envie de lui rentrer dedans. Je sais qu’en écrivant ça je m’expose encore…. au point où j’en suis !

L’autre point important lors de cette matinée est que Me Morice me reproche de dire qu’il y a connivence entre son client et l’URSSAF. Il est clair que la direction régionale et le conseil d’administration MEDEF ont clairement pris parti pour celui qui a été verbalisé et redressé contre leur inspecteur. L’URSSAF ne s’est d’ailleurs pas porté partie civile lorsque j’ai porté plainte, à la demande de M. Villardo, suite aux menaces agressions et intimidations que j’ai subies. Et cette absence de soutien a conduit le magistrat Marchal à classer ma plainte sans suite.

Et ce matin il y a eu un rebondissement extraordinaire qui démontre irréfutablement cette connivence. En effet, en 2013 j’avais écrit à M. Clément directeur régional de l’URSSAF PACA pour lui dire qu’il était scandaleux que la direction de l’URSSAF prenne le parti du fraudeur plutôt que celui de son inspecteur, je lui ai fait tant de reproches qu’il m’a mis en conseil de discipline pour manque de discernement et dénigrement de la hiérarchie. Pour moi ce n’était pas du dénigrement mais la vérité des faits, bref…. Eh bien, tenez vous bien, que croyez vous que M. Clément a fait ? Il a envoyé copie de ma lettre, document interne à l’URSSAF, pour rendre service au notable et étayer sa défense. M. Morice a je crois fait une grosse erreur en lisant cette lettre où je traite c’est vrai son client de parrain du Vaucluse mais ce n’était pas destiné à être public, ce n’était que mon sentiment né de tout ce que je subis depuis 10 ans. Car je persiste et signe j’en veux plus à la direction de l’URSSAF qu’à M. Mariani car eux étaient tenus à un devoir éthique et à respecter la déontologie. Et aujourd’hui M. Morice a démontré qu’il y a bien complicité entre la direction de l’URSSAF et son client puisque le directeur d’e l’URSSAF PACA envoie la correspondance de son inspecteur à un cotisant qui a subi un contrôle et qui est en procès contre lui ! Incroyable non ?! Je me réserve donc le droit de porter plainte contre M. Clément qui a clairement démontré de quel côté il se place.

Le délibéré est fixé au 17 mars à 14 heures.

J’espère que justice sera rendue mais dans tous les cas je suis prêt à me battre, encore et toujours.

Philippe Pascal

Carte blanche à Rémy Garnier, lanceur d’alerte de l’affaire Cahuzac

Elle est le compagnon de « voyage » inattendu de la plupart des lanceurs d’alerte. Elle leur prend la main très vite, dès les premiers soupçons et fait peser sa présence tout au long du combat. Elle a aussi beaucoup d’amis, ceux dénoncés en premier chef mais également certains acteurs du monde judiciaire, beaucoup de politiques et syndicalistes et de plus en plus de journalistes. Elle, c’est l’omerta que l’on traduit un peu rapidement en français comme la loi du silence, comme si cela n’était qu’une attitude passive, peut-être un peu lâche, mais sans véritable conséquence. On oublie que dans son terme premier cette omerta ça n’est pas que se taire c’est aussi la non dénonciation de crimes et délits et souvent le faux témoignage.

Les lanceurs d’alerte la connaissent bien, tous ceux qui baissent ou détournent le regard, tous ceux qui voudraient mais qui ne peuvent pas, tous ceux qui se cachent derrière une instruction en cours ou encore derrière ce joker d’immunité qu’est devenue la présomption d’innocence.

Si le silence est le pire ennemi des lanceurs, il est, on l’aura compris, le meilleur allié de ceux qui veulent taire la vérité. Parce qu’ils vivent ou on vécu cette omerta jusque dans leur chair, les lanceurs fondateurs de MetaMorphosis ont choisi d’afficher au fronton du Collectif : « Parce que la vérité se meurt dans le silence… » Des paroles aux actes, ils ont conçu ce site comme une porte ouverte aux témoignages de ceux qui se voient opposer cette omerta utilisée alors comme seule stratégie de communication. Nous ouvrons aujourd’hui le site, au travers d’une carte blanche à Rémy Garnier, lanceur d’alerte de l’affaire Cahuzac: « le statut de lanceur d’alerte, officiel ou autoproclamé, ne donne pas tous les droits. Une stricte déontologie s’impose sous peine de perdre toute crédibilité et nuire à la cause que l’on veut défendre... »

MetaMorphosis


Céline Boussié: Du soutien aveugle à la rupture consommée

En septembre 2016, un cadre de La France Insoumise a proposé ma candidature ainsi que celle de Céline Boussié pour les élections législatives de 2017, probablement en raison de notre réputation commune de lanceurs d’alerte domiciliés dans le même département, le Lot-et-Garonne.
Et en effet, nous figurons parmi les vingt premiers candidats potentiels (sur 577 circonscriptions) annoncés par Jean-Luc Mélenchon le samedi 15 octobre 2016 lors de la Convention de Lille.
Nos destins étaient en quelque sorte liés : à elle la circonscription d’Agen et à moi celle de Villeneuve-sur-Lot, sous réserve de l’acceptation des groupes d’appui locaux qui fut obtenue non sans réticences plus ou moins légitimes…  Nous serons éliminés au premier tour de ces élections, avec respectivement 11,50 % et 12, 21 % des voix.

Le 13 novembre 2016, le Comité de soutien à Céline Boussié m’adresse par courriel un appel à rejoindre la liste des personnalités qui l’encouragent à l’occasion du procès pénal en diffamation intenté par son employeur, l’IME Moussaron. J’accepte le 16 novembre et le comité m’adresse ses remerciements le 17 novembre.

La cause de la lutte contre la maltraitance des personnes vulnérables et/ou en situation de handicap est éminemment noble et, la figure de l’héroïne Céline se confondant avec cette cause, elle attire de multiples soutiens. De même, la protection des lanceurs d’alerte du champ médico-social ou d’ailleurs fait la quasi-unanimité dans les rangs de la gauche et bien au-delà, en dehors des clivages idéologiques : personnalités médiatiques, associations, partis politiques et syndicats de tous bords s’y associent volontiers.

Les premiers éléments qui m’ont conduit à me poser des questions et à douter de la sincérité des engagements de Céline Boussié sont :
– Sa réputation déplorable au niveau local et ses divers lâchages ;
– L’agressivité d’un comité de soutien toujours menaçant ;
– Les contrevérités matraquées depuis son jugement de relaxe ;
– La censure de mon message sur le Livre d’or ;
– Les commentaires désobligeants à l’encontre des Prud’hommes ;
– Les mensonges autour du jugement prud’homal du 18 avril 2019 ;
– Les soupçons d’opportunisme syndical et politique ;
– Et accessoirement le titre de son livre…

Le 13 juin 2019, j’ai demandé et obtenu que mon nom soit rayé du Collectif des lanceurs d’alerte qui la soutiennent.
Deux causes principales se détachent parmi ces éléments :
1- Depuis le jugement de relaxe rendu par le Tribunal correctionnel de Toulouse, le 21 novembre 2017, je suis agacé par la communication récurrente de son Comité de soutien sur le thème mensonger et néanmoins repris en boucle par Céline Boussié et tous les médias de « la première lanceuse d’alerte relaxée en France ».
Mon billet de blog du 4 mars 2019 « Lanceur d’alerte, c’est relax » rend hommage à treize personnes dont Céline Boussié, mais il a le tort à ses yeux de faire apparaître que des lanceurs d’alerte ont été relaxés avant elle. Pour cette raison, le Comité de soutien a censuré mon message pourtant succinct et anodin sur son Livre d’or.
2- Puis vinrent les commentaires de Céline Boussié sur le jugement prud’homal du 18 avril 2019 que les médias ont répété sans même chercher à connaître la véritable motivation des juges.

Les contrevérités de l’intéressée et de son comité qui prétendaient contre toute évidence ne pas connaître ladite motivation ont excité ma curiosité. J’ai alors demandé la copie du jugement à Sylvie Bataille, présidente dudit comité qui a transmis ma requête à Céline Boussié, laquelle n’a jamais répondu.
J’en ai finalement obtenu gratuitement auprès du greffe du tribunal la copie intégrale que j’ai abondamment commentée dans mon billet du 17 juin 2019 intitulé « Un jugement Schizophrénique ? »

Ensuite, mes réactions s’enchaînent :
« Victime de son ego » le 6 juillet 2019 ;
« Alerte contre l’imposture » le 25 juillet 2019 ;
« Warrior et Nikita » le 26 juillet 2019.

Sur intervention de Céline Boussié mes cinq derniers billets de blog ont été dé-publiés le 2 août dernier, en bloc et sans faire le détail, par le Club Mediapart, notamment sous l’autorité de Martine Orange.
« Lanceur d’alerte, c’est relax ! » a été republié. Deux autres billets ont été republiés puis dé-publiés à nouveau…
Quatre billets, les plus critiques, restent censurés alors que leur caractère injurieux ou diffamatoire n’est nullement établi…
La censure et l’omerta que Céline Boussié et ses soutiens manipulés condamnent chez les autres, viennent de gagner une bataille.

Mais, je me sens moins seul depuis l’article « Parce que la vérité se meurt dans le silence » du collectif MetaMorphosis qui fait référence le 31 juillet 2019 à mes billets, juste avant leur dé-publication…

Rémy GARNIER, le 9 septembre 2019.