Lanceur d’alerte: se soumettre ou se démettre.

« Vous ne m’offrez d’autre alternative que celle de me soumettre ou de me démettre », a écrit Jean-Guy de Chalvron au président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). Dans ce courrier rédigé fin novembre, il fait état de « nombreuses divergences de fond » entre ses propositions et les recommandations finales de la commission et déplore l’« absence de consensus » sur le contenu de la lettre de griefs qui a été adressée au candidat de la France insoumise. Faute d’avoir été entendu, le rapporteur de la commission chargée de contrôler les dépenses des candidats à la dernière présidentielle a démissionné de l’institution.

La Commission des comptes de campagne refait parler d’elle.
Petit rappel: « Un précédent est désormais connu, mais aurait pu provoquer un scandale d’Etat à l’époque. En 1995, alors que la CNCCFP rejette le compte de campagne du « petit candidat » Jacques Cheminade, elle valide ceux d’Edouard Balladur et de Jacques Chirac dont les comptes sont « manifestement irréguliers » selon les conclusions des rapporteurs. La CNCCFP justifie sa décision en affirmant ne pas vouloir remettre en question l’élection de Jacques Chirac. »
Source: JDD

Plus de vingt ans après, mêmes acteurs, mêmes dysfonctionnements. D’un côté des Rapporteurs, professionnels, désintéressés, agissant quasi-bénévolement, de l’autre une Commission de professionnels de la politique faisant partie de la même oligarchie que les candidats.
D’un côté des dysfonctionnements graves avec est-il besoin de le rappeler, des fonds publics, de l’autre, une Commission qui ne trouve rien à redire dans une formidable unanimité que l’on pourra juger suspecte.
Une fois de plus, les amis jugent les amis et le travailleur consciencieux et professionnel est sanctionné et se voit obligé de revêtir l’habit de lanceur d’alerte.
Alors, on entend tout de suite les réseaux sociaux bruisser des messages assassins des soutiens aux candidats incriminés, soumis de France et autres, on ressort les fiches de la rhétorique officielle et on nous vend une dialectique de bas étage pour justifier l’injustifiable, jusqu’à, palme d’or pour l’instant de la soumission politicienne, nous expliquer que les malversations sont le fait d’une insuffisance de moyens de ladite Commission. On se croirait revenu au temps béni du « Pénélope Gate », décidément quelle que soit la couleur affichée, le discours et les pratiques pour défendre un système en perdition sont les mêmes.
Si de « dégagisme » le peuple français a effectivement besoin, ceux qui s’en sont fait arbitrairement le porte parole feraient bien de se l’appliquer avant tout à eux-mêmes.

Mais laissons les professionnels de la dialectique politicienne dans leur abîme intellectuelle pour revenir au sujet. Une fois de plus, il n’y a de lanceur d’alerte que parce qu’il y a une déficience des Autorités de contrôle.
Voter des lois est une chose, prévoir des Autorités de contrôle en est une autre. S’assurer que lesdites Autorités assumeront en toute indépendance et efficacement leur travail est loin d’être effectif. Les jeux de pouvoirs et de connivences sont une fois de plus à l’oeuvre. Des politiciens contrôlent des politiciens comme des banquiers contrôlent des banquiers, des notaires des notaires etc. Tant que nous donnerons du crédit à des professionnels de la politique n’ayant jamais connu une quelconque autre activité et ayant toujours vécus d’argent public, la tentation sera trop grande à vouloir vivre au sein d’une oligarchie corporatiste. Ce que nous voyons avec certains politiciens de droite se retrouve chez ceux du camp opposé puisqu’ils ont les mêmes parcours, les mêmes relations, les mêmes cercles de pouvoir.
Comme lors de l’affaire Cahuzac dans laquelle un lanceur d’alerte du Tracfin avait été sanctionné, peu importe la couleur partisane, on défend avant tout une couleur de caste.
Tout ceci est un mal bien français qui malheureusement nous laisse entrevoir des jours sombres pour les lanceurs d’alerte, la loi, son application et son contrôle étant entre les mains de gens partageant un même intérêt.
Tout ceci est une fois de plus confirmé par les « chantres de la transparence » qui au lieu d’en faire son éloge, se sont jetés sur les basses théories complotistes qui aujourd’hui traversent l’ensemble du champ politique de son extrême droite à son extrême gauche.
Il aurait été plus noble de s’offusquer des dangers que fait porter à l’exercice d’une saine démocratie l’absence d’autre alternative pour ces Rapporteurs que la démission et le recours à une communication publique. Parce que c’est bien ce qui est en jeu comme nous le rappelle l’épisode de 1995 : les lois et les règles ne seraient pas identiques pour tous, ce qui est la négation même de la démocratie.

COMPTES DE CAMPAGNE : IRRÉGULARITÉS DANS LES DÉPENSES DE JEAN-LUC MÉLENCHON ET D’AUTRES CANDIDATS ?

Comptes de campagne: démission du rapporteur ayant contrôlé les dépenses de Mélenchon à la présidentielle

De l’alerte à la télé-réalité

Inspiré en cela par la philosophie et l’action des Associations Anglo-Saxonnes de défense des lanceurs d’alertes, MétaMorphosis a été pensée autour de deux forces principales :
– Son caractère non-partisan et à fortiori apolitique, l’alerte transcendant par définition le jeu des partis puisqu’elle s’adresse à l’intérêt général.
– La nécessité d’identifier l’alerte au-delà des revendications catégorielles et de privilégier sa défense à celle, individuelle, du lanceur.

Dans ce contexte :

– Nous nous étonnions récemment de la banalisation du champ de l’alerte à tout type de revendications sectorielles (pour légitimes qu’elles soient) jusqu’au ridicule de l’affectation de ce qualificatif par une certaine presse partisane à des hommes politiques (Macron le Lanceur) ou des activités sectorielles (les banques lanceuses), quand ce n’est pas certains politiques qui proclament ainsi une confrère (Eric Coquerel à Danielle Simonet). Ces démarches n’ont à notre sens pour seules conséquences, une dévalorisation de l’action des réels lanceurs d’alerte et la propagation d’un trouble dans l’esprit de l’opinion publique.

– A la création de MétaMorphosis, nous rappelions que le choix du caractère apolitique et non partisan de l’Association était dicté par la volonté de privilégier l’intérêt général; nous soulignions aussi que l’expérience d’une lanceuse d’alerte dans le domaine bancaire (Stéphanie Gibaud) s’affichant ouvertement depuis plusieurs années avec un parti politique (Debout La France) a nui à la compréhension du combat. D’autres depuis ont suivi le même chemin, tenant quasiment les mêmes discours bien que positionnés différemment sur l’échiquier politique, allant jusque dans l’ hémicycle de l’Assemblée Nationale se faire citer sans vraiment parler de l’alerte. Ici aussi, ces démarches n’ont à notre sens, comme le démontre le cas évoqué précédemment, que l’effet contraire du but recherché à savoir dans l’opinion publique l’assimilation de l’alerte à une démarche partisane, ce qui nous le rappelons, est la négation même de l’alerte qui veille à la défense de l’intérêt général. De même que la Défense des Droits de l’Homme ne peut être partisane car elle s’adresse à l’ensemble de l’humanité quelles que soient les différences de ses composantes, l’alerte s’adresse à tous dans la mesure où elle met en évidence les dysfonctionnements et/ou la non application de lois qui constituent les règles du corps social de l’ensemble de la Nation et non uniquement de certaines de ses fractions.

– Nous pensions avoir tout vu, mais le besoin quasi maladif de certains lanceurs à personnifier leur action nous fait franchir une nouvelle étape dans le ridicule. On connaît maintenant ce qui semble être un jeu pour certains : un petit clic contre un peu de notoriété, une pensée pour une cause contre le gain d’une place dans le monde merveilleux des people… Le lanceur sera t-il mieux classé que la starlette de télé réalité ? Tout un programme…
Si nous ne sommes pas comptables de ce que font les autres, de la perception qu’ils ont du lanceur et des alertes, nous restons responsables de cautionner ce qui ne pourra jamais être une bonne idée : une place sur un podium.
Comme pour les démarches précédentes, cette façon d’agir obscurcit le sens de l’alerte derrière le rôle idolâtré du lanceur; elle a pour conséquence une fois de plus, de substituer la notion d’intérêt général à celle de l’intérêt particulier voire partisan, et de ne créer qu’un peu plus de confusion dans l’esprit d’un public mal informé.

Toutes ces actions conduisent aujourd’hui à un profil type de l’alerte résumé à une personne partisane et/ou médiatisée. Une telle situation arrange à la fois les Associations françaises de pseudo défense de l’alerte et l’essentiel de la presse mainstream, leur permettant, en ne s’attachant qu’à la personne et son parcours, de masquer leur inaction totale sur ces sujets. Il est regrettable que des lanceurs, s’affichant de surcroît en opposition à une telle presse, se prêtent à ce jeu. Il ne faut pas s’étonner ensuite que la défense des sujets d’alerte soit si peu d’actualité et si peu suivi d’effets.

Tous ces éléments confortent MétaMorphosis dans sa stratégie même si elle peut apparaître moins facile d’accès et moins rapidement compréhensible. Nous demeurons convaincus que c’est en plaçant l’alerte au centre de nos démarches et en évitant ces écueils que nous pourrons, pas après pas, faire avancer les vrais combats.

MM.

Guéant n’a pas pu nous recevoir: il faisait ses valises

Samedi 9 décembre, journée mondiale de la lutte contre la corruption, Fabrice Rizzoli, fondateur de l’association « Crim’HALT comme Alternative », organisait un happening devant l’appartement présumé mal acquis de l’ancien Secrétaire Général de l’Élysée Claude Guéant, la maison et l’appartement faisant l’objet d’une confiscation par la justice (Rappel).

Plusieurs associations s’étaient mobilisées pour l’occasion, dont Anticor, Deputy Watch, Paradis Fiscaux & Judiciaires, et MetaMorphosis. Le journaliste Francis Christophe, auteur du livre Claude Guéant, un Préfet en Eaux Troubles, guidait le groupe, et Isabelle Sylvestre en plein tournage de son documentaire sur la corruption était également présente pour capturer l’événement.

« L’affaire Guéant doit servir d’exemple »

Fervent défenseur de la redistribution aux citoyens des biens confisqués aux organisations criminelles en Italie pour un usage social (comme le préconisent les autorités Européennes),  l’idée était de s’inspirer du principe en utilisant l’affaire Guéant comme exemple.

« Les jeunes italiens se sont appropriés des terres qu’ils cultivent en bio, créant des emplois avec des contrats de travail, des cotisations sociales : du good business. Un autre modèle est possible pour lutter contre la corruption, et ça marche! » clamait Fabrice Rizzoli.

Entre les rollups de Crim’HALT et d’Anticor, et sous la pancarte colorée de l’incontournable activiste Voltuan, les participants ont entonné en choeur le slogan consacré « Guéant rend l’appartement! » au rythme des casseroles.

Après la lecture d’un communiqué expliquant l’initiative, Fabrice Rizzoli a brandi un paquet de biscuits italiens, fruit d’une coopérative exploitant des terres confisquées à la mafia, et a souhaité le laisser à l’attention Claude Guéant, avec une courte lettre écrite sur le moment, et signée par les associations présentes.

« Cassez-vous sales gauchos »

Si la plaisanterie a pu amuser des passants qui s’étaient joints spontanément en tapant dans leurs mains, elle ne fut évidemment pas au goût de tout le monde. Certains voisins ont fait irruption aux fenêtres, demandant à l’assemblée de partir. « Cassez-vous sales gauchos », et autres noms d’oiseaux, « foutez-lui la paix », « la justice c’est pas dans la rue »… Tandis qu’un dernier plus nerveux, sortit sur le palier, menaçant d’appeler la police.

Les images dans la boîte, et l’opération rondement menée, la troupe a quitté les lieux pour des cieux plus sereins, se réunissant à la table d’une brasserie à proximité pour un debriefing convivial.

GM de MetaMorphosis

Détournement de la loi Handicap, entretien avec Gilles Mendes

France-Inter, Le Téléphone sonne du 16/11/2016
Grâce à la pugnacité du journaliste Mikaël Thébaut, l’interlocuteur de l’ADAPT finit par répondre et admettre que ce qui est décrit par le lanceur d’alerte Gilles Mendes, (en ligne) existe très précisément.

“Il y a des fraudes à la loi Handicap au détriment des travailleurs handicapés”
Ancien informaticien dans un groupe d’imprimeries du département de la Manche, Gilles Mendes a entamé une démarche de lanceur d’alerte. Il accuse son ancien employeur d’avoir monté un système de fraudes présumées à la loi Handicap de 2005, privant ainsi les travailleurs handicapés de fonds normalement destinés à leur embauche. Après avoir tiré la sonnette d’alarme auprès de différentes institutions et des cabinets du ministère du Travail et de l’Intérieur, il lance un appel au Lanceur.fr – Entretien mené par Antoine Dreyfus: Le lanceur

Loi Sapin 2: du rêve à la réalité

URGENT! Que celui qui bénéficie de la Sapin 2, nous fasse signe! Merci

Affaire Moussaron: relaxe pour Céline Boussié. Une première victoire!

Céline Boussié, une ancienne salariée de l’institut médico-éducatif (IME) de Moussaron, dans le Gers, poursuivie pour diffamation après avoir dénoncé les conditions d’accueil des enfants handicapés dans cet établissement, a été relaxée mardi par le tribunal correctionnel de Toulouse.
Wendy Bouchard, journaliste à Europe 1, station sur laquelle la lanceuse d’alerte avait notamment tenu ces propos, et qui était aussi visée par la procédure, a également été relaxée.

« Me relaxer, c’est reconnaître ce qu’ont souffert ces enfants pendant 20 ans », a commenté Céline Boussié, en sortant de la salle d’audience, entourée par des membres de son comité de soutien, qui ont longuement applaudi à l’annonce de la décision de justice.
Condition d’accueil des enfants handicapés: La lanceuse d’alerte Céline Boussié relaxée

Reality Winner : libération refusée (parce qu’elle haïrait les US et admirerait E. Snowden)

From Courage Foundation-
Posted on October 9, 2017
Federal judge Brian Epps of Augusta, Georgia has denied bail for alleged whistleblower Reality Winner in an aggressively worded ruling that claims the 25-year-old intelligence contractor “hates the United States and desires to damage national security.” Epps also cited social media comments by Winner that she”admires Edward Snowden and Julian Assange” as evidence against her bond request.
Communiqué de Courage Foundation