Brèves, mais graves

Brève 1.
C’est la loi secret des affaires qui frappe.
Faire taire journalistes d’investigations, associations diverses et lanceurs d’alerte, tel est manifestement l’objectif. Ou, pour être plus précis et revenir à la motivation première de cette loi, l’objectif est de permettre aux entreprises et aux détenteurs de leur capital, de fonctionner à l’abri de la loi. Car c’est bien de cela dont il s’agit : la justice ne se saisit que rarement d’elle-même, le plus souvent après révélations d’un travail journalistique et/ou d’un lanceur d’alerte.
Regardez les dernières affaires, Panama et Paradise-Papers, HSBC Suisse, Banque Pasche Monaco… Autant d’instructions ouvertes suite à un travail d’information.
La loi secret des affaires, associée à la non indépendance du Parquet et à sa non obligation d’instruire (à la différence de l’Italie par exemple), se traduira de facto par un assèchement des instructions judiciaires. L’objectif est donc bien là : fonctionner à l’abri de la loi selon le vieil adage «pas vu, pas pris». Et comme il n’y aura plus grand-chose à voir…

Brève 2.
Là-bas, au Brésil comme à Malte c’est un peu plus expéditif et de plus en plus fréquent, on fait taire par balles. Souhaitons que le triste exemple de la journaliste blogueuse maltaise, Daphne Caruana Galizia, ne soit pas le prémisse d’une habitude, ici aussi.
Avant d’y venir, nous tenions à souligner un élément rarement évoqué même par les opposants à la loi secret des affaires. La meilleure protection des lanceurs d’alerte contre toute forme de représailles, y compris violentes, est la publicité faite à leur dénonciation. Avec ces nouvelles dispositions, même après dénonciation auprès de la justice, l’incapacité de communiquer publiquement risque d’exposer fortement le lanceur à tout type de menaces et représailles.
Le site «Planète Amazone» nous informe ce jour d’une triste nouvelle:

«Un leader quilombola a été exécuté après avoir fait des dénonciations de déforestation illégale et de la pollution agrochimique au Pará, Brésil. Nazildo dos Santos, 33 ans, était le leader de la communauté Remanescentes de Quilombo Turê III. Les quilombos désignent au Brésil une communauté formée par des descendants des esclaves en fuite. Ils luttent pour récupérer les terres occupées et cultivées par leurs ancêtres. La plupart des habitants des quilombos ont aussi aidé des esclaves africains, des Autochtones ou d’autres non-brésiliens noirs qui ont vécu l’oppression pendant la colonisation. Aujourd’hui il existe encore plus de 2 800 communautés quilombolas au Brésil.
Dos Santos a été menacé de mort plusieurs fois pour avoir dénoncé des crimes environnementaux dans la région. Selon le ministère Public Fédéral (MPF), la plus haute autorité judiciaire au Brésil, il était inscrit au le programme de protection personnelle. Cependant, il n’a jamais reçu la sécurité policière demandée. En 2015, le leader a conduit, avec les Autochtones Tembé, l’occupation de la société Biopalma, pour dénoncer la déforestation illégale et la contamination par des pesticides de la rivière Tomé-Açu. Biopalma produit de l’huile de palme pour les industries pharmaceutiques, cosmétiques et pétrolières.
Il est le troisième leader tué au cours des quatre derniers mois dans la région. La population attend toujours les résultats de l’enquête criminelle. Jusqu’à présent, Il n’y a aucune information sur des indices pour trouver un responsable de ces crimes et personne n’a encore été arrêté »
.

Brève 3.
«Il n’y a pas d’argent magique», célèbre maxime du Professeur Macron. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il en est friand, au risque d’être dans l’ineptie et même ridicule, comme le démontre la politique de la BCE depuis 2008. Ensuite, nous aimerions bien savoir dans quelle équipe joue Macron et la ou les raison(s) pour lesquelles il n’arrive pas à se mettre d’accord avec les petits copains de sa caste. C’est pas ainsi qu’il marquera des buts !
Sous le titre «Le FMI sonne l’alerte sur la dette mondiale», le Monde du 19 Avril 2018 (ici), nous fait part des inquiétudes de cette instance supra-nationale devant l’explosion de la dette mondiale.
«Une flambée planétaire… La dette publique et privée dans le monde – hors secteur financier – atteint des niveaux sans précédent : en tout, 164 000 milliards de dollars (132 500 milliards d’euros) comptabilisés à la fin 2016, soit 225 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, selon les chiffres figurant dans le rapport Fiscal Monitor du Fonds monétaire international (FMI), publié mercredi 18 avril.
Depuis 2007, année qui marque le déclenchement de la grande crise financière, ce fardeau a augmenté de 40 %. Trois pays (Etats-Unis, Chine, Japon) concentrent plus de la moitié de cette somme vertigineuse.
Mais le phénomène n’épargne aucune région du monde. Le plus gros stock est l’apanage des économies avancées, conséquence des plans de relance engagés pour lutter contre la récession de 2008-2009. La dette publique – qui constitue l’essentiel de la charge pour les pays riches – y est stabilisée depuis cinq ans au-delà de 105 % du PIB, un ratio inédit depuis la seconde guerre mondiale.
Les causes de cet empilement de dettes sont variées. Outre la crise et ses stigmates, les politiques monétaires ultra-généreuses déployées par les banques centrales ont joué un rôle »
.

Si le FMI s’y met aussi… Macron, une fois de plus, manque d’originalité : voilà un argument néolibéral classique, utilisé d’ailleurs presque mot pour mot par la Première ministre britannique Theresa May l’année dernière, qui repose sur l’idée que la dette de l’État serait similaire à celle d’un ménage, argument pour le moins contestable.
Rappelons que chaque mois la BCE trouve 30 milliards d’euros pour racheter des titres sur les marchés. Cet argent vient de nulle part, il est créé ex nihilo, par la simple volonté de la BCE. Magique, n’est-ce pas ?
Et il y a mieux : cette méthode est utilisée chaque jour par les banques commerciales qui, dans les limites très larges des règles fixées par les régulateurs, créent aussi de l’argent ex nihilo à chaque fois qu’elles accordent un crédit.
Le discours néolibéral nous décrit un monde qui n’existe pas, celui où la quantité de monnaie serait naturellement limitée. Macron, Le Maire et consorts ont dû sécher les cours de l’ENA.

Brève 4.
Manuel Valls se sépare…
Et là, c’est la catastrophe !

MM.

Affaire ArcelorMittal Florange, lettre ouverte à Madame la Procureure de la République

Début juillet 2017, Karim Ben Ali, chauffeur de camion ex-employé sous-traitant d’ArcelorMittal Florange, dénonçait -vidéo à l’appui- des pratiques non règlementaires de rejets de déchets soupçonnés toxiques (acide), et ce en pleine nature, dans le crassier de l’usine incriminée.
Quelques jours après la divulgation de ces vidéos, le parquet de Thionville ouvrait une enquête, confiée à la police judiciaire de Metz.

Y a-t-il eu ou non de l’acide déversé sur le crassier d’ArcelorMittal à Florange ? Telle est la question.

Neuf mois après, où en sommes nous ? Où en est le Parquet Thionville qui a ouvert sitôt la diffusion du film, une enquête préliminaire ? Quid des résultats des analyses des prélèvements effectués sur le site ?
C’est pour obtenir ces réponses qui tardent à venir, qu’une lettre réclamant rapidement les conclusions de l’enquête préliminaire a été envoyée le 16 avril 2018, à Madame la Procureure de Thionville, copie au Ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot.


Au-delà de cette initiative, une mobilisation plus large est nécessaire pour soutenir Karim qui seul face à une multinationale, ne peut peser sur le cours de la justice.
Comme pour beaucoup de lanceurs d’alerte, les lenteurs de la justice font de Karim à ce jour, la seule victime de cette affaire.

MM.

Aux petits hommes, l’Humanité pas reconnaissante !!!

Victor Hugo prenait plaisir à affubler Napoléon III du sobriquet de Napoléon le Petit.
Une façon de dire qu’il n’est pas toujours aisé de se glisser dans un costume trop grand pour soi. Les discours, formules toutes faites et actes politiques marqués du sceau de siècles anciens et révolus du Petit Président nous font penser que les enjeux et la complexité du monde nouveau sont trop grands pour lui.
Il y a comme une résonance de l’histoire que devant l’incompréhension d’un monde complexe et pluriel, le retour aux schémas de pensée anciens est la seule façon que le faible et le peureux sait donner à son action. S’il ne comprend pas -et ne cherche pas à comprendre- ce que sera fait demain, mieux vaut alors retourner aux recettes d’hier qui, même si elles n’ont pas fonctionné, ont le mérite d’avoir été déjà expérimentées.

Un seul exemple pourrait suffire : de quoi sera fait le travail demain avec sa mécanisation à outrance et l’émergence de l’intelligence artificielle? Faut-il réétudier et réévaluer la notion même de travail, économiquement parlant mais surtout d’un point de vue anthropologique et sociologique? Faut-il revoir notre conception de la valeur ajoutée en ne la limitant plus au seul travail humain? Autant de questions et bien d’autres auxquelles il ne sera pas répondu. Pour le Petit Président et ses congénères, pour lesquels la seule loi est de «ne pas respecter les règles», faisant d’eux et de l’État comme le soulignait très bien Pier Paolo Pasolini, de purs anarchistes, la réponse est de revenir à une notion du travail avant l’institutionnalisation du salariat.
L’Histoire avance par sauts de géants dans le passé.

Mais ne soyons pas médisants et positivons… Nicolas Sarkozy (encore un «petit» Président) avait réglé la crise financière de 2008 en quelques semaines. Mieux encore, on s’en souvient tous, il avait mis fin aux paradis fiscaux en deux coups de cuillère à pot.
Quand on entend aujourd’hui le Commissaire européen Moscovici se glorifier d’avoir purgé l’Europe de ses paradis fiscaux, nous avons envie de crier au plagiat !

Le plus grand défi contemporain est sans aucun doute le réchauffement climatique et toutes ses conséquences sur la flore, la faune, les sols, l’eau, les déplacements de populations… Ces dernières semaines nous ont encore apportés des confirmations de l’urgence en la matière, n’en déplaise à Trump, mais à sa décharge, il ne peut pas jouer au golf et s’occuper de la planète; de toute façon il n’a toujours pas compris la différence entre climat et météo.
Ainsi une centaine de chercheurs bénévoles de 45 pays ont publié le 23 Mars une étude montrant une disparition progressive et rapide des terres cultivables, donc à terme des ressources alimentaires. Le 13 Mars une autre étude mettait en évidence que près de la moitié des espèces animales était menacée à court terme. Une autre encore -et l’on pourrait malheureusement multiplier les exemples- de la Banque Mondiale, insiste sur l’accroissement des populations déplacées et l’augmentation inquiétante du processus.

Face à ces enjeux, que fait donc la France ? C’est vrai, le grand Chef auto-proclamé de l’écologie, Nicolas Hulot, réfléchit à réintroduire deux ourses dans les Pyrénées. Il doit bien avoir peur le réchauffement climatique !! En fait non, il doit bien rire car le même Hulot, «en même temps», autorise la construction de milliers de kilomètres d’autoroutes. Nous, à la place des ourses, nous dirions « merci mais sans nous… ».
Petit Président n’est pas en reste et c’est Médiapart sous la plume de Jade Lingaard qui nous conte cette magnifique fable. On se souvient du coup marketing (le climat est avant tout une affaire de communication) après l’annonce de Trump à la sortie de l’accord de Paris «Make Our Planet Great Again».

Cette fois-ci nous avons droit à un film «promotionnel».
Médiapart nous raconte :
«Un esprit frappeur a-t-il détourné le compte YouTube de la présidence de la République ? Depuis le 24 mars, jour de passage à l’heure d’été, une vidéo nous fait entendre la voix d’Emmanuel Macron.
Il parle en anglais, avec son accent légèrement nasillard et explique que «nous perdons notre bataille contre le changement climatique mais aussi contre l’effondrement de la biodiversité». Cette phrase, il l’a déjà prononcée lors du One planet summit, le sommet du business sur le climat qu’il a organisé à Paris en décembre. «Si vous ne voulez pas vous réveiller un matin et qu’il soit trop tard, montrez que vous vous sentez concernés. Que vous êtes prêts à rejoindre le combat pour la nature», poursuit-il, prenant son élan oratoire avant de livrer le cœur de son message : «Éteignez toutes vos lumières. Je suis en train de le faire ici, au palais de l’Élysée.»
De fait, au même moment, défilent des images de l’intérieur de l’Élysée plongeant dans l’obscurité. À la fin du plan, même le bâtiment présidentiel devient invisible.
Éteignez vos lumières ? «Cette action est importante», poursuit la voix. Certes nous devons totalement changer notre manière de consommer, produire, et de nous comporter. Mais «des millions de personnes sont déjà unies dans le monde. Connectez-vous à la terre».

Fallait y penser ! «Éteignez vos lumières»

Et Jade Lingaard de poursuivre : « Demander à chacun d’éteindre ses lumières, c’est la négation de trente ans de politiques environnementales. C’est exactement le contraire de ce qu’il faut faire pour réduire massivement les émissions de CO2 : une politique systémique, de long terme, et de fond. Pire, c’est la caricature du discours écologiste sur le petit geste citoyen que des milliers de militants, chercheurs, acteurs des politiques publiques et chefs d’entreprises combattent depuis des années ».

Un peu d’audace, une vision, des actions à long terme, des engagements suivis et tenus…c’est sans doute trop pour notre couple d’apprentis écologistes. Comme pour l’emploi, les gens qui ne veulent pas comprendre l’avenir, regardent vers le passé et nous resservent de vieilles comptines qui datent des années 70 et du premier choc pétrolier.
«Alors Mister President : atterrissez, rallumez vos lumières et faites-nous un vrai plan d’action pour le climat, avec plein d’indemnités kilométriques vélo et des logements à très basse consommation dedans. Please».

MM.

En référence à l’article de Médiapart, du 27 Mars 2018 : «Syndrome de l’interrupteur à l’Élysée Palace» (ici).

Quand gouverner c’est dépenser

Areva, les prêts toxiques aux Collectivités, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (NDDL), et tant d’autres projets ou investissements…toujours les mêmes causes, toujours les mêmes symptômes.
La publication mercredi dans Mediapart d’un article au titre évocateur « Lyon-Turin: un tunnel d’aberrations économiques » (ici), faisant suite au dépôt de trois recours contre le projet ferroviaire, nous donne l’occasion de rajouter une pierre à la litanie des grands projets publics.
Dans le cas présent, ce n’est pas vraiment d’une pierre que l’on doit parler mais plutôt d’un rocher au bord d’une montagne, le coût dudit projet s’élevant à 26 milliards d’euros.
Une fois de plus et c’est l’objet des recours déposés, le politique porte une responsabilité écrasante comme ce qui s’annonce un nouvel échec des politiques publiques d’investissements et ceci pour trois raisons principales:
– Absence ou défaut de calibrage des financements nécessaires conduisant à une information déficiente du public
– Impossibilité de déterminer les coûts réels du projet du fait de l’absence d’études sérieuses d’alternatives
– Vision totalement biaisée de l’intérêt général du projet par la non prise en compte de la part des Pouvoirs publics de la réalité des besoins et des alternatives viables possibles.

Nous ne nous attarderons pas sur les aspects techniques et financiers du projet dont on peut trouver de nombreuses sources (entre autre le site ici), mais nous nous attacherons plutôt à un point qui nous semble récurrent dans ce type de projet, à savoir l’aveuglement des politiques pour des raisons sans doute électoralistes même si cette explication n’est pas totalement suffisante. Sauf à en déduire qu’ils ont un goût prononcé pour des projets dits inutiles et coûteux…
Dans le cas du projet Lyon-Turin et à la différence d’autres cas déjà évoqués dans MetaMorphosis, il convient de préciser que la Haute Administration de l’Etat, depuis l’origine en 1988, émet des réserves sur la nécessité, le calibrage et l’intérêt public dudit projet relevant notamment l’absence de saturation des rails existants et la possibilité d’en renforcer les flux.
Malgré ceci, et malgré une forte mobilisation d’Associations et de particuliers contre le projet, les Gouvernements successifs ont toujours ignoré ces remarques, et ont fait la sourde oreille aux expertises contradictoires.
Comme le rappelle Daniel Ibanez, l’un des opposants au projet: « …pour le Lyon Turin, depuis le premier jour la Haute Administration a dit que les lignes actuelles n’étaient pas saturées et répondaient aux besoins ».
Dans ce contexte, nous sommes en droit de s’interroger comme le fait Médiapart, sur les raisons pour lesquelles les Gouvernements successifs envisagent de dépenser autant d’argent public alors que les voies de transports environnantes ne sont pas saturées.
Plus généralement, et tous ces cas devraient nous faire réfléchir sur cette notion et sur sa définition juridique, la question principale est de savoir qui définit l’intérêt général et en fonction de quel critère. Les gouvernants successifs ayant fait preuve dans de nombreuses affaires de leur incapacité à gérer l’argent public efficacement, il semble évident qu’on ne peut se satisfaire qu’il soit également en charge de la définition même de l’intérêt général.
De ce point de vue, Manuel Valls a fait preuve d’un acharnement à défendre ce projet contre vents et marées, les détracteurs se faisant nombreux du côté italien.
Pourtant d’autres exemples devraient alerter les décideurs comme la LGV (Ligne Grande Vitesse) Perpignan Figueras qui a été placée en liquidation judiciaire en 2015 à cause de ses pertes financières, les prévisions de fret et de transports de personnes sur lesquelles était bâti le modèle économique d’origine ayant été très largement sur- estimé. On retrouve ce même type d’anomalie dans le projet Lyon / Turin.
Pour finir nous citerons la conclusion de l’article de Médiapart: « toutes les failles démocratiques mises en exergue par les médiateurs au sujet de l’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes ( mauvaise information du public, absence d’étude sérieuse d’alternatives, vision biaisée de l’intérêt général) se retrouvent dans le dossier du Lyon / Turin ».
Il n’y a plus qu’à espérer que ce dernier projet ait la même fin que celui de l’aéroport NDDL.

MM.

Wildleaks: la plateforme contre les actes écocides

Le trafic illégal d’espèces sauvages est une activité relevant du crime organisé et du terrorisme, menaçant certaines espèces d’extinction et mettant en danger l’écosystème et l’équilibre mondial.
Les crimes contre l’environnement représentent près de 190 milliards d’euros par an. Un marché juteux et peu risqué pour les trafiquants.

WildLeaks,(ici), né en février 2014 de l’Elephant Action League (EAL), une organisation californienne de lutte contre le braconnage, est une plateforme collaborative qui propose aux citoyens de dénoncer anonymement les crimes environnementaux commis contre la faune sauvage et les forêts.
« Les crimes contre la faune sauvage sont très souvent inaperçus, contestés, et les personnes n’en parlent pas. Avec cette plateforme, les témoins civils de ces crimes peuvent jouer un rôle crucial dans la lutte, sensibiliser et soutenir la justice » soutient Andrea Crosta, fondateur de WildLeaks.
La mission de WildLeaks consiste à recevoir et évaluer des informations (aux données cryptées) reçues anonymement, concernant la criminalité liée aux espèces sauvages et aux forêts, pour les transformer en opérations réalisables.
Ainsi, identifier et poursuivre les criminels et trafiquants qui bafouent les lois environnementales: voilà le but affiché. Plus encore, la plateforme a l’ambition de dénicher les hommes d’affaire et responsables politiques corrompus qui sont à la tête de ces réseaux.
Témoigner n’étant pas sans danger, la plateforme s’imposait : selon un rapport de l’ONG Global Witness, 185 personnes luttant pour sauvegarder leurs terres ou leurs forêts ont été assassinées en 2015 dans le monde.

Depuis sa création, la plateforme a déjà recueilli près d’une trentaine d’alertes susceptibles d’induire un recours en justice. Des actions dont le réel coût environnemental et humain n’est pas toujours mesuré. “Derrière un simple bibelot en ivoire en vente à Shanghai ou à Hong Kong, une personne se fait tuer en Afrique, une épouse perd son mari, un enfant devient orphelin ou soldat.” dénonce WildLeaks.

L’écocide, un concept-clé pour protéger la nature
Partout dans le monde, les initiatives pour la reconnaissance du crime d’écocide se multiplient. L’enjeu : que la justice internationale puisse sanctionner les atteintes à l’environnement. Faut-il une autre catastrophe pour faire bouger les lignes ?
En savoir plus sur ici

A l’AFD, l’affaire de la centrale à charbon ne passe pas, celle du lanceur non plus

L’Agence française de développement a de nouveau reporté sa décision sur un prêt de 41 millions d’euros à la Chine pour équiper une centrale à charbon d’un système de chauffage urbain. Une enquête interne recherche « la source » de Mediapart.

Malgré les semaines, la polémique ne s’éteint pas. L’Agence Française de Développement (AFD), principal organe public d’aide au développement, a de nouveau reporté sa décision concernant un prêt de 41 millions d’euros à la Chine pour aider une centrale à charbon à construire un système de chauffage urbain dans la région du Xinjiang. Initialement inscrite à l’ordre du jour du conseil d’administration de novembre, l’étude de ce projet avait été décalée une première fois, à la suite de sa révélation par Médiapart , à quelques jours du sommet sur le financement de l’action climatique organisé par l’Élysée, le One Planet Summit. La décision devait avoir lieu lors du conseil d’administration du 21 décembre.
La suite ici sur Médiapart

Sollicitée par Médiapart, à savoir s’il était prévu un abandon du projet, l’AFD au slogan « 100 % accord de Paris » a refusé de répondre. Pire encore,elle aurait ouvert une enquête interne afin de découvrir « la source » . Philippe Bauduin, le directeur général adjoint de l’agence, affirme que « quelqu’un a transmis à l’extérieur de cette maison des documents confidentiels. Il s’agit d’une grave faute et d’un acte de déloyauté inacceptable à l’égard de cette maison qui mérite de fortes sanctions »

Pour enterrer l’objectif de l’Accord de Paris, un engagement visiblement creux, il va falloir « faire taire » le lanceur d’alerte.

A suivre…