Le fonds souverain de Norvège en passe de donner du crédit aux alertes ?

Le fonds souverain norvégien, un des plus importants au monde au regard des actifs gérés (plus de 878 milliards d’euros) confirme son statut d’investisseur responsable. S’appuyant sur sa taille et sur une tradition fortement ancrée dans les pays du nord de l’Europe, il demande aux entreprises dans lesquelles il investit, éthique et transparence.
Soucieux de s’attaquer à la corruption qui gangrène tant de pays – la corruption représente annuellement selon les estimations de 1.500 à 2.000 milliards de dollars, soit un montant s’avoisinant au PIB de la France – la politique du fonds norvégien passe une nouvelle étape dans la lutte contre ce fléau, en imposant de strictes mesures aux quelques 9.100 entreprises hors de son territoire dans lesquelles il investit, en leur signifiant des pistes d’action, certes, mais pas sans conséquences si ces entreprises venaient à ne pas les respecter.
Ainsi, le fonds édicte plusieurs pistes d’ordre éthique et moral, allant du plafonnement par les conseils d’administrations des rémunérations des patrons de sociétés (en tant qu’actionnaire il est en droit d’attendre d’elles une ligne de conduite exemplaire afin de s’assurer que l’investissement ne serve pas uniquement de levier aux rémunérations), à l’affirmation d’une forte opposition à toutes pratiques d’optimisation fiscale, rappelant que les groupes doivent payer leurs impôts là où leur valeur économique est effectivement créée. « C’est une très bonne nouvelle », se réjouit Manon Aubry, porte-parole d’Oxfam France. « Il s’agit d’un levier qui peut avoir un impact important sur le comportement des entreprises », pour enfin réclamer que soient instaurées en leur sein, des politiques anti-corruption efficaces, accompagnées d’une réelle formation des salariés.
Au-delà de ces formations, la politique du fonds souverain de Norvège insiste pour que soit mis en place dans les entreprises, un système d’alerte. Ainsi, les potentiels lanceurs, ceux-là même qui débusquent les mauvaises manières de leur employeur, pourront en cas de dysfonctionnements constatés, relayer via un canal distinct et confidentiel, leur information. L’anonymat sera conservé, et ce canal pourrait s’exempter de toutes informations à la hiérarchie. Ici donc, la politique du fonds reconnait que lorsque le dysfonctionnement touche à l’intérêt général, il est rare que la hiérarchie en soit nullement informée pour ne pas dire complice voire à sa source…
Quoiqu’il en soit, rien de bien nouveau a priori pour les entreprises françaises soumises plus ou moins aux mêmes obligations depuis la loi Sapin II (janvier 2018), sauf qu’en cas de mauvaises manières, alors même que la justice tarde à sanctionner faute d’enquêtes interminables, l’entreprise soupçonnée pourrait à tout moment, se voir retirer tout investissement du fonds norvégien.
En plus d’être pénalisée de la sorte, elle se verra inscrite sur la liste noire publique des entreprises dites non éthiques, ne rentrant pas ou plus dans les standards requis. Si pour ce fonds l’éthique des affaires devient un argument de la réputation, son pouvoir d’influence est non négligeable : présent dans près des deux tiers des sociétés du Cac 4O, la perte de l’investissement associée à une image égratignée sera un fort mauvais signal pour les entreprises concernées.
Ne serait-ce pas là, la meilleure façon de donner du crédit à l’alerte ? La loi Sapin n’aurait-elle pas dû s’inspirer de telles initiatives, au lieu de créer encore de nouvelles instances ?
Rappelons que si lancer l’alerte a pour unique but que soit mis un terme aux pratiques dénoncées, dans cette optique, taper au « portefeuille » voire taper à « l’investissement », pourrait être considéré comme une méthode dissuasive et comme une sanction si la ligne rouge a été franchie. Dans la plupart des cas, les entreprises s’exonèrent de leurs obligations car le profit est bien supérieur aux éventuelles et lointaines sanctions… Alors tapons tout de suite au portefeuille et… gare aux lanceurs d’alerte…

MM.

Le plus grand fonds souverain du monde est norvégien
Quand les fonds souverains appellent à chasser la corruption
Le fonds souverain de Norvège monte d’un cran dans la lutte contre la corruption

DIGIWHIST une initiative européenne pour détecter la corruption et mauvaise gestion

Heureux de relayer ce post de nos amis Xnet d’Espagne qui nous informe de l’intéressante initiative européenne DIGIWHIST, qui doit permettre de détecter d’éventuelles anomalies relatives à des faits de corruption ou de mauvaises pratiques de gestion.

« C’est un grand projet de données pour la détection de la fraude au niveau européen, quelque chose comme une grande «machine» de la société civile pour détecter la corruption et les mauvaises pratiques dans la gestion de l’argent public. »

Pour en savoir plus:
DIGIWHIST

10 conseils pour prévenir les risques de corruption dans votre organisation

Le directeur de l’Agence française anticorruption, Charles Duchaines détaille les mesures anticorruption obligatoires pour les entreprises, dans le cadre de la loi sur la transparence, la lutte contre la corruption et la modernisation de la vie économique, dite « Sapin II ».
Découvrez les 10 conseils de l’Agence française anticorruption (AFA) pour prévenir les risques dans votre organisation.

1. S’approprier la démarche anticorruption
2. Sensibiliser le sommet de la hiérarchie
3. Cartographier les risques
4. Avoir une approche exhaustive
5. S’attacher aux enjeux de corruption et pas seulement aux enjeux financiers
6. Définir un code de conduite obligatoire
7. Mettre en place un contrôle interne
8. Mettre en œuvre un dispositif d’alerte interne et protéger les lanceurs d’alerte
9. Former les personnels et les responsables
10. Solliciter l’Agence française anticorruption

L’Agence française anti-corruption? Charles Duchaine nous explique

Invité de France Inter, Le juge Charles Duchaine, patron de l’Agence française anti-corruption répond aux questions de Nicolas Demorand sur l’état de la corruption en France, les moyens alloués à la justice pour la combattre et les missions de son agence.
L’Agence française anti-corruption sert aussi à alerter, voire à faire appliquer des sanctions, le cas échéant. Elle ne possède pas directement les pouvoirs pour décider de ces sanctions mais s’apprête, explique Charles Duchaine, à publier une série de recommandations à destination des entreprises après avoir évalué le risque dans les divers secteurs français.
Quelle ampleur pour la corruption en France ? Si Charles Duchaine juge notre pays dans les clous, il fustige en revanche la manière dont les pouvoirs publics français traquent et tentent de régler la corruption. Une faiblesse qui s’explique par la difficulté d’établir un baromètre, un outil de diagnostic fiable d’une pratique hautement souterraine.
Charles Duchaine : « La France est un mauvais élève en terme de sanctions de la corruption »

Prévenir en matière de corruption – « On n’attend pas d’être malade pour consulter  »

Charles Duchaine : « Il ne s’agit pas de faire de la cosmétique en mettant en place un certain nombre de règles anti-corruption qui ne serviraient à rien »

Charles Duchaine : « En général, ceux qui ont le pouvoir économique voudraient avoir le pouvoir de décision »

Charles Duchaine : « La corruption c’est un peu comme la température : on la ressent ou on la mesure »

Charles Duchaine : « Je ne sais pas ce que c’est qu’un paradis fiscal, moi j’ai connu les enfers judiciaires »

Charles Duchaine : « Certains diront que l’optimisation fiscale est utilisé pour les affaires, je veux bien mais pour les affaires pas très claires »

Charles Duchaine : « Nous allons publier sous peu nos recommandations »

Charles Duchaine : « La France ne dispose pas des moyens d’investigation contre la corruption »

Malte, une île gangrénée par la corruption ?

Un reportage ARTE Regards
Le plus petit État membre de l’Union européenne attire des millions de touristes, mais Malte fait aussi régulièrement les gros titres pour des affaires de corruption et de blanchiment d’argent. Le meurtre de la journaliste Daphne Caruana Galizia a provoqué la stupeur en Europe. Pourquoi a-t-elle été tuée ? Et comment réagit l’UE ?

Malte : Daphne Caruana Galizia dénonçait la corruption dans un Etat européen peu ordinaire. Plus petit pays de l’Union avec 430 000 habitants, l’île méditerranéenne est régulièrement accusée de dérive mafieuse. Les opposants et les journalistes étrangers qui enquêtent sur le système maltais critiquent l’absence d’indépendance de la police, de la justice, des médias.
Daphne Caruana Galizia, mère de trois fils, n’était pas une journaliste ordinaire. Depuis une dizaine d’années, elle dénonçait sans relâche, sur son blog, Running Commentary, le blanchiment d’argent à grande échelle et la corruption dans les milieux dirigeants maltais. Elle le faisait à sa manière, brutale, cavalière, acerbe, franchissant parfois le pas des attaques personnelles contre les politiques.
Article du journal Le Monde

Lutter contre la corruption, c’est possible

Crim’HALT Alternative sera présent samedi 16 décembre 2017, sur Public Sénat dans « Un monde en Docs » Mafia, l’emprise de l’ombre
Débat animé à 00:30 par Nora Hamadi, avec
– Anna Veron, réalisatrice
– Jacques de Saint Victor, historien du droit
– Fabrice Rizzoli, président de Crim’HALT

Après le documentaire : « Corleone, la guerre des Parrains »

Ce sera l’occasion de revenir sur l’usage social des biens confisqués, unique moyen d’impliquer les citoyens dans une prérogative régalienne.
En exemple, des produits Libera Terra faits par des coopératives sur des terres confisquées aux mafieux. Cette mesure, appliquée depuis 1996 en Italie, permet de réinvestir au sein de l’espace public des biens mal acquis en les transformant en centres d’apprentissage, en coopératives ou encore en locaux destinés à l’action associative, un moyen pour que la corruption ne paie plus à ceux qui la pratiquent.

Le 09 Décembre, journée mondiale contre la corruption: que les biens des corrompus reviennent aux citoyens, et que l’affaire Guéant serve d’exemple !

Rappel de cette journée: Guéant n’a pas pu nous recevoir: il faisait ses valises
Communiqué de presse

Pour que le crime ne paie pas: L’affaire Guéant doit servir d’exemple pour toutes les procédures de saisie de biens mal acquis en cours ou à venir, ainsi que le recommandent la Commission du Parlement européen CRIM, le Conseil de l’Europe et le Comité économique et social européen depuis 1999.

Les gangsters de la finance – Documentaire

Un document ARTE disponible jusqu’au 10/02/2018

Reportage intégral: Les gangsters de la finance

Blanchiment, fraude fiscale, corruption, manipulation des cours… : depuis la crise de 2008, la banque HSBC est au coeur de tous les scandales. Cinq ans après leur film sur Goldman Sachs, Jérôme Fritel et Marc Roche passent au crible cet empire financier au-dessus des lois.
Créée à Hong Kong, il y a un siècle et demi, par des commerçants écossais liés au trafic d’opium, HSBC (Hongkong and Shanghai Banking Corporation) n’a cessé de prospérer en marge de toute régulation. Aujourd’hui, la banque britannique à l’ADN pirate incarne à elle seule les excès et les dérives de la finance internationale. Blanchiment de l’argent du crime – celui des cartels de la drogue mexicains et colombiens –, évasion fiscale massive, corruption ou manipulation du cours des devises et des taux d’intérêt : depuis la crise de 2008, ce géant a été mêlé à de nombreux scandales avec régularité et en toute impunité. Car l’opaque HSBC, experte en sociétés-écrans, dont les coffres débordent d’argent liquide déposé par ses clients discrets et douteux, est devenue « too big to jail », « trop grosse pour aller en prison ». La banque, riche de quelque 3 000 milliards de dollars, s’en tire chaque fois avec des amendes dérisoires. Trait d’union entre l’Orient et l’Occident, elle sert aussi désormais de pipeline pour les centaines de milliards d’euros de capitaux chinois partant à la conquête des marchés occidentaux : HSBC navigue aujourd’hui sous pavillon rouge.

Nouvelles menaces
Cinq ans après « Goldman Sachs »– La banque qui dirige le monde », Jérôme Fritel et Marc Roche plongent dans les arcanes d’un empire tentaculaire qui se cache derrière sa vitrine de banque de détail britannique. De Hong Kong aux États-Unis en passant par l’Europe, cette édifiante enquête révèle non seulement l’ampleur ahurissante des malversations commises par HSBC, mais éclaire aussi – avec une remarquable limpidité – les menaces qui se profilent sur la stabilité financière mondiale, dix ans après la crise des « subprimes ».

Extrait:

Guéant n’a pas pu nous recevoir: il faisait ses valises

Samedi 9 décembre, journée mondiale de la lutte contre la corruption, Fabrice Rizzoli, fondateur de l’association « Crim’HALT comme Alternative », organisait un happening devant l’appartement présumé mal acquis de l’ancien Secrétaire Général de l’Élysée Claude Guéant, la maison et l’appartement faisant l’objet d’une confiscation par la justice (Rappel).

Plusieurs associations s’étaient mobilisées pour l’occasion, dont Anticor, Deputy Watch, Paradis Fiscaux & Judiciaires, et MetaMorphosis. Le journaliste Francis Christophe, auteur du livre Claude Guéant, un Préfet en Eaux Troubles, guidait le groupe, et Isabelle Sylvestre en plein tournage de son documentaire sur la corruption était également présente pour capturer l’événement.

« L’affaire Guéant doit servir d’exemple »

Fervent défenseur de la redistribution aux citoyens des biens confisqués aux organisations criminelles en Italie pour un usage social (comme le préconisent les autorités Européennes),  l’idée était de s’inspirer du principe en utilisant l’affaire Guéant comme exemple.

« Les jeunes italiens se sont appropriés des terres qu’ils cultivent en bio, créant des emplois avec des contrats de travail, des cotisations sociales : du good business. Un autre modèle est possible pour lutter contre la corruption, et ça marche! » clamait Fabrice Rizzoli.

Entre les rollups de Crim’HALT et d’Anticor, et sous la pancarte colorée de l’incontournable activiste Voltuan, les participants ont entonné en choeur le slogan consacré « Guéant rend l’appartement! » au rythme des casseroles.

Après la lecture d’un communiqué expliquant l’initiative, Fabrice Rizzoli a brandi un paquet de biscuits italiens, fruit d’une coopérative exploitant des terres confisquées à la mafia, et a souhaité le laisser à l’attention Claude Guéant, avec une courte lettre écrite sur le moment, et signée par les associations présentes.

« Cassez-vous sales gauchos »

Si la plaisanterie a pu amuser des passants qui s’étaient joints spontanément en tapant dans leurs mains, elle ne fut évidemment pas au goût de tout le monde. Certains voisins ont fait irruption aux fenêtres, demandant à l’assemblée de partir. « Cassez-vous sales gauchos », et autres noms d’oiseaux, « foutez-lui la paix », « la justice c’est pas dans la rue »… Tandis qu’un dernier plus nerveux, sortit sur le palier, menaçant d’appeler la police.

Les images dans la boîte, et l’opération rondement menée, la troupe a quitté les lieux pour des cieux plus sereins, se réunissant à la table d’une brasserie à proximité pour un debriefing convivial.

GM de MetaMorphosis

Mondial de foot au Qatar: une filiale du Crédit mutuel est dans le viseur

Selon nos informations, la justice brésilienne et le FBI américain enquêtent sur un virement de 22 millions de dollars effectué par le Qatar, via une filiale du Crédit mutuel, en lien avec le scandale de corruption sur l’attribution du Mondial de foot 2022 à l’émirat. Révélations.

La banque française Crédit mutuel-CIC a-t-elle, par l’entremise d’une ancienne filiale, servi de plateforme de corruption dans le cadre de l’attribution du Mondial 2022 au Qatar ? C’est ce que soupçonnent désormais les enquêteurs du FBI et de la justice brésilienne. Selon nos informations, les procureurs de ces deux pays ont identifié un versement de 22 millions de dollars en provenance du Qatar sur le compte ouvert à la banque Pasche Monaco par l’ancien président de la fédération brésilienne de football (CBF), Ricardo Teixeira, peu après le vote de décembre 2010 qui a attribué le Mondial au Qatar.
Mondial de foot au Qatar: une filiale du Crédit mutuel est dans le viseur